Avant que Le Cèpe Records me sollicite pour en parler, je ne connaissais rien de Deedee and the Abracadabras. Un coup d’oeil aux labels unis pour sa sortie et me voilà à écrire sur l’album éponyme de la clique, qui me plait bien car son registre, enlevé, me rappelle de temps à autres We Hate You Please Die. Les parisiens jouent, en effet, des pièces garage à l’énergie punk, urgentes, qui se suivent sans temps morts. Deedee (Guitar and Voice), Raphaël Dusfour (Bass) et Noé Guerra (Drum) jouent serrés, balourdent dans leur chaudron des mélodies à la Jay Reatard mais plutôt quand il braille. Dans le sillage de Leave me, instru remonté à peine au dessus des deux minutes, qui donne le la, on va vite. Il est rare que le tempo s’assagisse, Rob money file autant. One, two, three, four!, a t-on envie de crier à l’amorce du morceau. Mais le trio ne se résume pas, globalement, au speed des Ramones. Ce Rob money et ses incrustes synthétiques bien amenées le prouve. On ne fait pas que tracer ou chanter/crier; d’une part, on le fait plutôt bien. D’autre part, on contourne la redite en étayant l’opus avec une poignée d’idées porteuses.
Tiens, on a là un 1.2.3.4 galopant, certes, mais jonché de ritournelles sous flux tendu, à la We Hate You Please Die d’ailleurs. C’est hautement énergisant, bien orné comme dit plus haut mais sans trop de fioritures malgré tout. Go home gicle et riffe, il unifie le propos de Deedee et ses copains de jeu. La voix se fait sauvage, Child of child déboule ensuite de manière similaire et sans freiner. On louera d’autant plus l’initiative de placer aux bons endroits des sons et encarts qui font respirer le tout. Acid, pourtant, bourre et re-bourre. J’ai parfois l’envie d’aller me faire couler un jus, mais les compos sont bonnes. Nipples, avec ses petits bruitages, ne dénotera pas. Le combo fait du punk, principalement, mais ne m’ennuie pas comme ceux qui bucheronnent sans cesse pour en arriver, finalement, à un rendu tellement linéaire qu’on l’écoute une fois…et c’est marre.
https://www.facebook.com/leceperecords/videos/426517828311728/?t=105
Alien, d’une intro presque dub, un peu trop courte, choisit pourtant cette voie. Mais Deedee & the Abracadabras mêle punk et garage, c’est préférable au fait de ne pratiquer que l’un des deux. On n’est toutefois pas loin, quand le disque s’uniformise, de décrocher. On reste quand même, le bazar est court. Ca le fait passer sans trop de difficultés. J’aurais cependant aimé que les mecquetons insufflent un peu plus de nouveauté, comme entrevu sur deux ou trois plages de leur ouvrage. Ca les aurait amenés plus loin encore. Pour l’heure, ils nous refilent un effort honnête, de bon niveau, qui augure d’une suite fiable. C’est déjà bien, le départ est bon et la carte de visite plaisante.
On valide donc -il s’agit, ne l’oublions pas, d’un premier jet- en attendant d’autres giclées d’une teneur au minimum égale, dotées d’un peu plus d’embardées hors du cadre habituel. Les gaillards savent faire, il serait par conséquent dommage de ne pas poursuivre, et accentuer, les petites incrustes judicieuses placées de façon encore trop parcimonieuse sur l’album en présence.