Panaviscope est le projet d’un Suisse -c’est déjà bon signe, ces derniers sont souvent fiables-, Alex Duloz. Ce dernier assure tout, en multi-instrumentiste confirmé. Il crée aussi ses clips et visuels, a déjà sorti un EP (Kiss yourself to death) l’an dernier. Oeuvrant dans un pop indé qui ratisse aux quatre coins du terrain, il s’essaye aujourd’hui à l’album, qu’il appellera Like the sun. Il y offre une pop enjouée, au chant aigu, qu’il parvient à décliner sur 12 morceaux accomplis. Sans être très offensif, j’aurais pour ma part réellement apprécié, il brosse ses mélodies, se montre sensible sans provoquer (trop) de bâillements et convoque plusieurs genres, mesurés, en disciple helvète, dans l’espritn de la référence qu’est Beck. Sa voix fine fait écho à quelques bribes hip-hop, ses sonorités sont bien choisies. Le titre éponyme amorce bien, appâte l’auditeur. Délié, électro mais de manière bridée, il tire le rideau pour Sham, plus alerte et un brin funky. On le connait, ce créneau. Beaucoup s’y engouffrent. On pourrait se lasser, c’est parfois même le cas. Mais notons, au delà de ce constat, l’attractivité des compositions.
Longues nuits, au bout du trio d’ouverture, confirme l’attrait. Aérien mais plutôt vivant, il laisse s’échapper des bruits inédits, sans tapage mais avec une certaine imagination. Breathing in reverse insiste sur cette voie cool, Talking to flowers l’imite, sage sans se limiter au seul cadre poppy. Des embardées un peu plus polissonnes, néanmoins, le jalonnent. My sky est de même teneur, saccadé, fin dans le chant. Entre doux psychédélisme, prudence trop récurrente et bonnes initiatives sonores, Panaviscope s’en sort bien. Tigers as friends ne l’encanaille pas forcément mais dégage un climat qui, répété, constitue un atout pour l’album.
The joy of grasping, lui, s’emballe. On tient là, enfin, la bombinette enlevée qui donne du muscle, ou plutôt de la vigueur mélodieuse, à l’opus. Fais nous ça plus souvent, Alex, et on adhèrera sans rémission. Même si Shine, s’il brille effectivement, retombe en énergie. Il n’empêche qu’au delà de ça, Duloz n’est à aucun moment dans le creux. Il a la bonne idée d’incruster de temps à autre, dans son répertoire, des bruits acidulés. Des voix traficotées, aussi, qui quittent les tons sensibles qui le caractérisent. A sea of papers reste timoré, mais plaira car sans partir en vrille outre-mesure, il se décore de notes valables. Shades of passion, joliet, marie élans venteux et chant, c’est ici évident, doux et enveloppant. Il est bon, malgré l’absence où la parcimonie de détours rageurs, d’écouter Like the sun en se laissant aller, les yeux fermés, à la forme de paix intérieure gentiment troublée qu’il procure.
C’est Animaux sombres (une définition de l’être humain?), de ses textes estimables et suivant une électro-pop cold bien ondulante, qui met fin, magnifiquement et il faut le relever, à l’essai. Celui-ci, au bout d’écoutes successives, finit par livrer toute sa sève. Comme quoi la persévérance, lorsqu’on trouve certains travaux « mitigés » dans un premier temps, est de mise et permet de les appréhender pleinement, en évitant le piège de l’écoute unique dont émergerait un avis trop hâtif.