Trio Néo-Zélandais, Wax Chattels fait de la « guitarless guitar music ». Peter Ruddell (clavier/voix), Amanda Cheng (basse/voix) et Tom Leggett (Batterie) y bataillent, armés d’un arsenal de son qui bastonnent. Mais aussi, et surtout, d’une belle originalité. Tout en secousses épileptiques, en bruits inédits, leur Clot, après un album éponyme datant de 2018 et des prestations scéniques turbulentes, met de sacrées beignes dans les faces. Les rafales d’une batterie sauvage répondent aux synthés, pas plus posés. La basse pulse (No ties), l’ensemble ne tient pas en place. Explosif, dynamique, il se veut à part et ne renvoie à aucun style précis. Tant mieux. Ici on crie, Glue mitraille et ne ménage déjà pas celui qui s’y frotte. Pourtant, derrière la délicieuse cacophonie du groupe, des signaux psyché surgissent, tissés par les « keyboards ». Le son est tranchant; Wax Chattels a fait appel, pour l’occasion, à Ben Greenberg (Uniform, Destruction Unit, The Men, tout sauf des rigolos).
Entre gens qui prennent la tangente, l’union est porteuse. Efficiency, comme pour valider l’agitation sonore de rigueur, valide le sentiment de singularité qui caractérise le tout. La stridence arrache tout, l’écart sonore (l’amorce de Cede) fait face à un chant beuglé. Rythmiquement, c’est l’affolement. Wax Chattels est à part, occupé à se détacher de toute posture convenable…et convenue. Ca lui sied parfaitement. Mindfulness, tout en saccades tarées lui aussi, me conforte dans le merveilleux inconfort que génère l’opus. Bruyant et inventif, celui-ci joue une sorte de noise au format non usuel, qui le rend d’autant plus concluant. Le No ties nommé plus haut aborde la moitié du bordel sans fléchir, droit dans ses sons.
Se ranger? Surtout pas! Less is more, qui pourrait résumer à lui seul le contenu de Clot, refuse d’obtempérer. Quand il lui succède, Spanner & Implements groove dans la folie, visite l’espace et percute la terre. Ses traces noise, et noisy, malmènent le mental. Captured Tracks, il faudra s’y habituer, à signé une perle de plus. An Eye marie, quand vient son tour, cosmisme et bruitages déviants. Tout en nerf, Wax Chattels signe une rondelle magistrale. Forever Marred la cimente, entre chant apaisé et plans lestes. On rend les armes, les attaques répétées du groupe, même quand elles se tempèrent -c’est rare-, dominent l’opposant. Yokohama, où la basse amène du cold et ponctue une plage à nouveau trépidante, laisse fuser des notes bruissantes. La dame et les deux hommes réussissent, incontestablement, à rudoyer le quidam jusqu’à le faire adhérer sans conditions à leur noise personnelle.
Pour finir, You Were Right laisse poindre l’explosion, le grondement, le tonnerre à peine jugulé. Il perd, entre chant possédé et coups de bélier instrumentaux, la raison. Je n’épiloguerai pas, ce Clot s’écoute jusqu’à en perdre le contrôle. Dynamique, décalé, il dévoile une triplette au sommet de ses écarts, qui aligne pour le coup une grosse dizaine de chansons destinées à perturber et rassasier celles et ceux qui s’y attaqueront.