Lyonnais, Apple Jelly s’inscrit dans une axe Hot Chip/LCD Soundsystem, qui se nourrit aussi de la Factory, du cinéma et de l’art contemporain. Avec ce Die, Motherfucker, Die !!! enregistré, à l’origine, en…2013, et suite à une période contrastée, le groupe revient avec une perle, jouée live des années durant. Dix morceaux dopants et galvanisants le lient à l’auditeur, qui en aura très vite pour ses pesetas. Et qui dansera comme un pantin désarticulé, dès que retentira l’éponyme Die, Motherfucker, Die !!!, chargé d’ouvrir le bal. Basse au groove fou et synthés en spirale, voix à la James Murphy, les Rhodaniens ne dépareilleraient pas chez DFA Records. Die, Motherfucker, Die !!!, se met-on à bramer d’entrée de jeu. Au son des claviers qui virevoltent, de cette pluie de sons enivrants. Le tout sur plus de sept minutes, alors si après ça t’as pas ta dose, le remonté Control t’en remet une belle truelle dans le bassin. Dans une électro-rock vitaminée, aux gimmicks ravageurs, Apple Jelly pose là un album qui ponctue brillamment la reprise des affaires. Walking bass, funky et discoïde, chanté dans l’aigu, délaisse la vitesse mais imprime le même désir de reviens-y que les morceaux introductifs.
Synchronized, après, donc, ce titre qui diffère, fait reluire des synthés 80’s. Voix, presque, de crooner et, à nouveau, sonorités qu’on boira jusqu’à plus soif s’acoquinent. Il y a des airs de Rebotini, de Depeche Mode, dans le son comme dans l’intonation. Ici aussi, on chantera le refrain, simple et entêtant, sous la douche comme au volant. Die, Motherfucker, Die !!! est une enfilade de chansons à la qualité optimale. Leaving 2012, aussi céleste que soutenu, bien étayé (c’est une constante chez Apple Jelly), se veut exotique. L’horizon n’est pas fermé; au contraire, il reste ouvert à tout type de « bruit » naissant de l’imagination productive de la formation de la banlieue lyonnaise.
Bruno Preynat, notons-le, a repris le mix de l’opus, en actualisant adroitement le rendu. Ca le renforce, ça lui donne d’autant plus de pouvoir d’accroche. Dance with me s’ajoute à la brouettée des réussites, entre chants changeants et, mazette qu’ils sont bons dans cet exercice ceux-là, sons vraiment trop bons. Avec, à la clé, des ambiances variées sans dommage aucun pour la bonne tenue du bazar. Sur cette plage, arrive un break psyché, avant que la machine ne reparte de plus belle. Take it leave it déboule ensuite, percutant, sous l’effet d’une quatre-cordes qui bondit. Je remue le tronc en écrivant, comme quoi Die, Motherfucker, Die !!! est, aussi, un disque physique. En plus de s’adresser aux gambettes, il ne laissera pas l’esprit indifférent. C’est désormais « Take it, or leeeave it! » que je crie, à c’t’heure personne ne me dira de la fermer. Et puis pas envie, de toute façon.
Surtout que Girls of Paris, saccadé et sensuel, me prend ensuite dans sa nasse. Basse charnue, voix encore une fois en relief, ornement malin. Tout prend bien, aucun temps mort ne viendra entamer le bel effort que Money me, qui traite de l’argent à la fois comme d’une religion et comme le combustible nécessaire pour faire tourner notre société, vient catapulter plus haut encore. Pour le coup, on est dans de l’électro fulgurante, qui se hisse vers le top of the mountain. This is the end of our age, à la Young Gods dans ses élans brumeux, s’échappe ensuite vers une approche plus marquée. Avec, comme de coutume, ce groove qui sollicitera le bas du corps. Et le reste. This is the end of the record, également. A regrets, on laisse le morceau trouver son terme. Avant de se remettre, goulûment, ce premier tube éponyme qui lance la danse.
La société en bout de course est un thème récurrent chez Apple Jelly, elle sert toutefois l’intérêt d’un album destiné au haut du panier. Le clique, elle, est loin de s’essouffler. Elle dispose d’un carnet de « songs » imprenable, qu’elle jouera sans nul doute avec une intensité décuplée par le manque actuel de live. Gros coup donc, pour les gars de Lyon, que ces dix tracks aux allures de machine à plaisir auditif durable.