Groupe d’Eindhoven, Radar Men From the Moon a déjà derrière lui de nombreuses parutions discographiques. Il évolue en sextet: Glenn Peeters (guitar), Tony Lathouwers (drums), Titus Verkuijlen (bass) et Bram van Zuijlen (guitar/synth), avec l’apport de Joep Schmitz (drums) et Harm Neidig (vocals/saxophone), s’y unissent pour, à partir d’une base psychédélique, inclure des scories indus, post-punk et des riffs qui déflorent l’entourage. Bestial light, leur nouvel opus, décrasse ainsi les oreilles et Breeding, après un début façon Swans, aux reflets mystiques, folk, impose son poids et ses vocaux hantés, sa texture psych-noise beuglante. Sans attendre, les Hollandais lancent un pavé qui nous écrase de toute sa lourdeur, fatal. Aucune complaisance à l’horizon, les six bonshommes font dans l’écorché. La voix, en l’occurrence, flirte même avec le black-métal. Piss christ aussi opaque et massif, lézarde à son tour les murs. Radar Men From the Moon joue de « l’acid metal », selon ses dires, et se plait à changer de direction à chacune de ses sorties. Le choix est porteur, on se laisse terrasser avec bonheur. Le groupe expérimente, dans le sens où sa chaudière sonique turbine à différents courants musicaux. Sacred cunt of the universe, pachydermique, privilégie lui l’indus de par sa répétition psychotrope. Il se pare de quelques notes claires, s’allège, fait émerger un arrière-plan à la fois beau et tourmenté.
Ici le saxo hurle, avec élégance. Eden in reverse, de son chant haineux, emprunte un chemin plus frontal, plus enlevé. Voilà un ensemble batave qui, en variant ses pistes, parvient à surprendre sur toutes ses créations. Le tout doit être dompté, il ne s’apprivoise pas de suite. Mais son côté impulsif, ses motifs qui se réitèrent, en font un sacré disque. Des passages noise bordent The bestial light, qui arrive à son mitan sans perdre un gramme d’impact.
Quand vient The bestial light, le track qui donne donc son nom à l’album, on grimpe à l’échelle psyché, qui monte en puissance jusqu’à user de guitares dévastatrices. Les vocaux se font narratifs, des secousses noise façon Gira et consorts se font à nouveau entendre. Radar Men From the Moon renvoie de la présence, une identité qui le caractérise. Si à nouveau, au moment de sa prochaine réalisation, il ira « ailleurs », le terrain qu’il travaille ici est captivant. Soniquement, ne nous attendons pas à être « pommadés », c’est plutôt la déferlante qui nous attend. Self, avec sa basse qui pulse, sombre, joue une sorte de post-punk hors du commun, cold et obsédant dans ses chants unis. Et bam, l’orage nous tombe sur la tronche. On en ressort avec quelques balafres, mais le passage à tabac est jouissif. Le morceau prend fin dans la démence chantée, braillée.
Plus loin, Pleasure et son format court hésite entre retenue et griffures profondes. La clique vainc toute résistance. Puissante, crédible dans son entreprise, elle ne lâche rien et n’affiche que du solide, de l’asséné préparé avec adresse. Levelling dust, dernier de huit titres qui restent en tête et dévastent les facultés mentales, allie teintes psyché et noirceur récurrente, sons barrés et abord spatial. Sans jamais se plier à la norme, loin s’en faut, Radar Men From the Moon lâche un album de poids et de choix, brutal et réfléchi à la fois.