Groupe de San Francisco, Cold Beat signe avec ce Mother son tout premier album…chez DFA, ni plus ni moins! Il s’y fait mélancolique, tout d’abord, en suivant la voie lactée (le -trop-court et introductif Smoke), puis vite, il place d’emballantes plages 80’s, entre autres orientations décelables. Prism est la première d’entre elle, rêveuse dans le chant, new-wave un brin rêche dans le ton. Alerte et volatile de par ses claviers, la chanson livre aussi des abords cold. Cold Beat donc, mâtiné de trouées lumineuses, et légèreté soutenue. En intégrant plusieurs tendances, Cold Beat offre des chansons de valeur, accrocheuses, qui rêvassent en se montrant très animées (Paper). Les claviers, avec leurs sons simples et inédits (Pearls), renforcent la texture d’un disque uni, cohérent. Des guitares plutôt mordantes y prennent part, créant un équilibre entre l’organique et le synthétique. La cold de Gloves, de qualité, nous fait arrimer au mitan de l’effort sans aucune faute de goût. Il y a dans ce Mother assez de diversité pour qu’on y revienne avec un plaisir renouvelé.
Cold Beat, pour le néophyte -j’en suis-, est une belle trouvaille. Son essai, pour un « debut album », est sacrément accompli. Through, saccadé, dans une « spatialité » qui flirte avec le kraut, vivace et vivifiante, ne faillit pas, se montrant à l’inverse complémentaire des autres morceaux. Cold Beat ne fait pas dans l’inertie, il varie les plaisirs et demeure complètement pertinent. Ses chants sucrés, tel celui de Double Sided Mirror, séduisent.
L’énergie, de surcroît, est de mise. Ouverte ou tempérée sans jamais retomber, elle emmène Mother à l’excellence. On ne s’étonnera guère, à l’heure d’entendre le disque, que le quatuor au sein duquel Hannah Lew, Kyle King, Sean Monaghan et Luciano Talpini Aita se mettent en évidence soit signé dans la « cabane » de James Murphy. L’éponyme Mother, cold et punk dans sa vigueur, allie kraut et élans dreamy. A chaque morceau, on tombe sous le charme sonore du clan, de ses incrustes toujours judicieuses. Crimes, avec ses airs d’Eurythmics, ses voix qui discutent et se complètent, met en joie. Cold Beat hésite entre mélodie bien foutue, traces froides et synthétique de choix, le tout sous couvert de bruits qui « attaquent ». Ou plutôt, il brasse tout ça jusqu’à obtenir le dosage idéal.
Photo: Arvel Hernandez.
Flat earth, loin d’être…flat, confronte chant féminin et rythme rachitique mais appuyé, en y adjoignant des « keyboards » aériens. Une fois de plus, et pour bien finir, la recette touche au but. A savoir plaire, sans discontinuer, et asseoir une identité redevable, certes, à des courants différents mais dont Cold Beat assure ici la parfaite symbiose.