Constitué d’un ex bassiste de Treponem Pal et du chanteur/guitariste de feu Curtain, Kim Dies Laughing joue une musique…qui ne rigole pas, quelque part entre cold-wave, indus et élans 80’s (illustrés, entre autres, par un excellent Grounded). Acid rain est le premier album du projet, que le titre éponyme lance avec un allant décisif. Boucles entêtantes, rythme marqué, bruits déviants et chant remonté -un peu à la Boost-, vindicatif, accouchent d’une bombe électro-indus de belle tenue. Le vécu des deux comparses sert de toute évidence leur investigation sonique, aboutie et singulière. Dans la foulée The fountain, d’un post-punk mécanique, des riffs appuyés le charpentant efficacement, pose un second parpaing bien senti. On commence, sans tarder, à adhérer sévère à ce que la paire met en place. Le Grounded cité plus haut lui fait honneur, suivi par Somewhere qui, lui, s’en tient à une trame linéaire, spatiale, dotée d’une voix distante. Le morceau élargit l’horizon, pourtant bien ouvert, de Kim Dies Laughing.
What choice, entre motifs presque « en joie et rage vocale, s’avère ensuite porteur. De touches 80’s en relents industriels, il fait mouche. Formé de morceaux imparables, Acid rain est visiblement un « debut album » ravageur. Ses sons bien trouvés, sa vigueur et son inspiration imbriquant les genres, en font une pièce maîtresse. Kim Dies Laughing, « nouveau » de par son existence, se dote d’atouts indéniables. Voilà donc pour la première partie de l’effort, bon voire brillant.
Ecstasy, vrillé, intense et saccadé, tire une nouvelle roquette. Grattes en fusion, vocaux une fois de plus puissants, bruits stridents en font le charme hors-cadre. Trouvaille à conserver, sans nul doute, que ce duo au point, à l’aise dans sa mouvance qui pioche ça et là, dans l’actuel et le révolu. Avec succès. Et sans trop d’espérance, comme le laisse présager No future. Conçu dans un post-punk/indus dévastateur, façon Wire sur Send (remember le morceau Comet), le titre enfonce, bien profond, le discours impactant des deux hommes. Ca remue, c’est de plus sans concessions aucune. Black star dépayse quelque peu, en son début. Puis il riffe dru, sur une cadence lourde. Sur ses pavés pesants ou ses galopades, ou lorsqu’il allie les deux -c’est le cas ici-, Kim Dies Laughing touche au but. Razor blade, en unissant cold-wave, rock ardent et bruyant, tient également bon la barre. Acid Rain s’abat sur l’auditeur, douché et lessivé. L’acte est bienfaisant. De temps à autre, les acolytes aèrent leurs plages. Ils le font sur la chanson en question, qu’ils sertissent d’un encart légèrement new-wave. Le cru, le direct pensé et bien façonné, domine toutefois.
Photo: Jérôme Sevrette
En fin de parcours, Inner circle recourt à un atour dub. Il le fait de façon déviante, cela va de soi. Il se fait psyché, se déploie sans hâte. Il marquera l’auditeur de manière aussi signifiante que le reste, clôturant un disque dont on ne décroche pas. Mention (très) bien donc, au groupe comme à l’écurie Hot Puma Records qui a eu la bonne idée de l’abriter en ses murs, aux côtés d’une belle flopée d’autres bandes valeureuses.