Formé en 1994, le trio écossais bis compile ses « early singles » et démos sur ce I love bis qui regorge de pépites lo-fi aux sons parfois singuliers en décor (Improved neu formula). On y (re) trouve la bagatelle de vingt morceaux bien…lo-fi, mélodieux et assez espiègles pour que tous, au bout de l’écoute, nous fassent chantonner. Il y également, ici, des copies punk-rock (Public school boy) qui arrachent et peinent à atteindre la minute, efficacité en premier lieu. Et puis pour, d’emblée, séduire les curieux, on balance un Kill your boyfriend riot de bon aloi. Batailleuse, féminine à souhait dans son chant, la chanson démarre sur les chapeaux de roue. On aime aussi la pop, quand elle le vent en poupe (Sci-fi superstar). On fait feu de toute scorie indé, on met des mélodies partout et puis on le abîme joliment. La série est très 90’s, elle ravira les fans de la décennie visée. Le spectre du genre indé, donc, est parcouru sous toutes ses largeurs. Bis en extrait de sacrées ritournelles, faites maison (Caustic sofa). School disco instaure ces sonorités catchy qui très souvent apportent le petit plus, amenant le morceau vers les sommets. Steven Clark (Sci-fi Steven), John Clark (John Disco) et Amanda MacKinnon (Manda Rin) s’entendent comme larrons en foire. Plastik people poursuit la danse (de la joie), entre prétentions pop et allant rock vivifiant avec des bruits attirants dedans.
A chaque morceau, le plaisir est de mise. Bis fait un tapage varié, ne délaissant pas le post-punk (Conspiracy a-go-go), chantant à trois comme s’ils avaient fait ça tout petits déjà. Pop socks fera penser aux Pixies, Icky-poo aid raid flirte lui avec le reggae. La formule, large, explore et ne s’égare pas. Kandy pop riffe dur, dans sa lo-fi bis investit un terrain complètement maîtrisé. Secret vampires joue du synthé, adroitement et simplement. Amanda y prend une voix sucrée, complémentaire de celles de ses comparses « mecs ».
Le recueil est de grande valeur, on ne le niera pas. Teen-c power, si je ne me trompe pas, fait de l’oeil à la brit-pop, mais s’acidule comme il faut. Joueur et inspiré, bis s’appuie de plus sur un son sans artifices, très vrai. Diska laisse la pop jubiler. Jubilatoire, c’est un peu le qualificatif qu’on pourrait appliquer à ce I love bis qui, effectivement, nous fera aimer le clan. Keroleen, urgent, délirant dans les sons qui l’entourent, s’ajoute à la pelletée de mini-tubes servis. Grand Royal with cheese, façon Beastie Boys, groove en dépaysant. On s’étonnera, au vu de la qualité affichée, que bis n’ait pas percé plus que ça. This is fake D.I.Y. exhale une pop juteuse, énergique, euphorisante. I love bis, ça y est, c’est officiel. Burn the suit et ses saccades rythmiques m’y aide bien.
Plus loin, Dance to the disco beat fait bouger ma carcasse. La dualité des voix y est un bel atout, greffé à une trame post-punk sans chaines. Et puis, en toute fin de course, un phénoménal et déjanté Nation Go Yeah! (Home Demonstrations) s’offre à nous. Fait de morceaux disparates, de breaks dingues, il me fait penser, de façon directe, au collage de nos précieux Diabologum en leurs débuts. On y navigue entre folie grungy, encarts psyché, versatilité presque fusion, sensibilité vocale et je ne sais quoi encore. C’est du génie barré, laissé en pâture à notre bonheur sonique. Difficile, quoi qu’il en soit, de se passer de ces vingt plages toutes parfaites, sans façons à la con ni flambe aucune.