Duo composé de deux Ludo -c’est donc Ludo qui y gère tout-, Sunbather vient, si je comprends les infos liées à son sort, de Limoges et Bordeaux. Qu’importe, l’essentiel étant qu’à deux, les bonshommes jouent une électro hurlée, synthétique et grésillante, des plus singulières qui soient. Leur Tunnel of love, qui ne sent pourtant pas la romance, vaut largement qu’on s’y fasse saigner les esgourdes. Etiqueté électro -logique-, punk -logique puisqu’il déverse son fiel- ou encore eurodance -il fait gigoter les corps, on le comprendra-, Sunbather possède son identité, dégagée de toute influence invasive. Et c’est ça, avant tout, qu’il faut retenir. Il ne tarde pas à le démonter: Nothing, en montant vers le soleil, de façon lunaire puis en haussant clairement le ton, impose un déroulé trip-hop/électro prenant. Puis la voix, haineuse, braillée, assénée, survient. On dirait, presque, du rapnoise. Sauf que c’est Sunbather. Et ça se démarque « grave » et c’est gavé bien. Si le morceau d’ouverture est plutôt « pesant » d’un point de vue rythmique, Warm day accélère. Il se pare de motifs sans complexité, foutrement bons, qui semblent avoir pour mission d’assurer le contrepoint du chant. Vivace, le titre en question démonte.
Le duo, en proie à des éléments qu’il lui faut déverser, s’y adonne avec brio. Gliding log, ombragé, guilleret aussi dans ses boucles qui louchent direction 80’s, se balade entre l’offensif et des parties plus légères. Les vocaux, de leur côté, continuent sur un registre qui, incontestablement, donne du relief à ce Tunnel of love. Please please, clippé ci-dessous, fait dans le saccadé. Une fois encore, les synthés brodent des nappes de nature à squatter les tronches. C’est joliment exécuté, tout ça. ca donne, de plus, un sentiment de jamais entendu. On breake, les claviers font dans le flou. Ca repart ensuite, sur une voie lancinante appropriée.
Ludo fait ou plutôt font bien les choses. Claws out complète le tableau d’artistes qui dans leur domaine ne sont pas des peintres, loin de là. Céleste, il impose une plongée dans la nuit, éclairée par quelques notes décalées. L’introduction s’étend, puis on découvre un climat serein que le chant vient percuter. Il en altère la quiétude, le procédé génère un bel effet. La cadence s’affirme. On n’est jamais, sur ce Tunnel of love, dans la linéarité. Mazette, voilà un groupe hébergé par un micro-label, En Soirée Je Danse Pas, dont on va encore entendre trop peu parler. Et pourtant il s’exprime, bien peu prétendront le contraire!
Slow dive est d’ailleurs son dernier cri, contemplatif. Une belle vignette sonore, déchirée bien sûr par la voix et des sons qui, pour le coup, turbulent (du verbe turbuler, que je viens tout juste d’inventer) comme on aime. On est un peu dans l’indus, celui-ci entre en collision avec la french-touch et la sort de son socle. Ca donne, au final, une excellente livraison, une petite révélation même, à l’écart des normes et restrictions.