Sorti à la base en août 2018, chez Vicious Circle (Luik Music pour la Belgique), le Laurent de It It Anita fut l’une des bombes indé de l’année concernée. Ideal Crash, pour ses 15 ans, le ressort en K7, en tirage limité donc très précieux. Une fois de plus l’objet est magnifique, fait main et assorti de bonus à la hauteur de ce que peuvent donner les gaillards de Liège. On n’a d’ailleurs pas le temps de tergiverser, Denial fait déjà son Sonic Youth et atteint la cible, entre force de frappe et superbe nuance, vocale notamment. On sent une patte, une approche. User guide, tranchant et braillé, dissone et nous balance une taloche qui laissera des marques. La basse porte le bazar, irrésistiblement percutant. Ca breake un peu, le temps de tirer, ensuite, une autre salve bruitiste de derrière les fagots. L’utilisateur est bien aiguillé, il se trouve sur la route d’une enfilade de morceaux pêchus et accomplis. De tubes, à vrai dire, de la caste indé forcenée. Another canceled mission, d’un cru post-hardcore pas moins agité, le confirme. Du haut de gamme, signé de mecs qui ont révisé leurs gammes et tiennent tranquillou, ici, le haut du pavé. Ils riffent fort (11), produisent un barouf de ouf’. Ils savent aussi, au beau milieu de ce foutoir jouissif, calmer le jeu.
C’est la déferlante, tout le monde ou presque y chante. Say no n’a pas pour but de relâcher la pression. Il file, se fait toutefois un brin plus clair que les morceaux précédents. Il y a du lo-fi, à la Sebadoh, un peu, dans l’entreprise d’It It Anita. Myriam Leroy y va de son intervention sur Tanker 2, Pt. 1 + 2, parpaing noise première main à la terminaison contemplative. Sa voix narrative, posée sur un fond apaisé, ironique, nous rappelle qu’à tout moment « ça peut dérailler ». L’instrumentation se remet à « droner », massive.
God, après ça, choisit la voie rapide. Celle réservée aux bolides. Et nous revoilà avec, entre les fouilles, un énième standard qui pique du dard, solidement ancré dans un disque qui mériterait de faire date. Bored et Outboard, dans ses traces, imposent un climat plus retenu, aux secousses mélodiques bien senties. Le second, sur une embardée noisy-psyché folle, vrille les sens. Puis vient We are nothing, sucrerie pop très fine, aux brefs emballements, qui oscille merveilleusement entre beauté du décor et poussées de fièvre. La toute fin du titre, elle, s’avère être un véritable torrent.
Le Radio edit d’ Another canceled mission déboule ensuite, court et acéré. On en est alors à la partie « cadeau », où apparaissent les titres bonus. Rushing est une attaque noise, à la fois alerte et pesante, qui démontre qu’en termes d’offrandes-surprise, It It Anita ne se fout pas de la gueule du monde. Engraved, perle lo-fi, dégage des abords pop nerveux et mélodieux qui font pencher la balance du bon côté, as usual comme le diraient les Anglais. Unicorn, entre rock viril et chants impactants, fort d’incrustes subtiles, en remet une couche. C’est, je le répète, un Laurent de taille XL que nous refilent Mike, Damien, Elliot et Bryan. Je le placerai aux côtés d’un Goo et d’un Repeater, ce disque idéal pour tout amateur de la sphère indé crachant sa bile avec maestria. Avec, pas loin non plus, les petits mecs de Metz.
On a de plus droit, pour le coup, à quatre lives. Jean-Marc (Jean-Marie) Live at Koko Studio impulse le tout dans un flux tendu, à l’arrache mais tenu. Il dérape façon…Sonic Youth, Imposter lui succède en hurlant avant de retomber. Ces alternances sont naturelles, bien amenées, nullement forcées. Encore une fois, il n’y a pas tromperie sur le produit. 25 (From floor to ceiling) Live at Koko Studio, torpille lancée dans une course folle aux voix éructantes, se présente. Ses guitares entrent en fusion, sa rythmique a les cordes et baguettes qui balancent entre vitesse débridée et tempérance de courte durée.
Enfin, Templier Live at Koko Studio joue, tempo élevé en avant, sur un positionnement entre déflagration aux chants allant de pair et parties modérées, de façon…modérée cependant. La foudre rock domine, elle inonde ce Laurent magistral dont le niveau égale à mon sens celui des meilleures cuvées rock connues.