Je me réveille ce jeudi, à la fois intrigué par un nom, François Premiers, et une provenance: Le Havre. Je me dis alors que je vais pouvoir me cogner un rock conquérant, passé à la vérité d’une ville ayant abrité nombre de projets crédible au milieu desquels siège l’indétrônable Little Bob. Je passe alors à l’écoute et à la relecture des patronymes impliqués dans l’affaire, je relève que de Fixed Up à Asphalt Tuaregs, en passant par Roadrunners et Kitchenmen, les deux François avec lesquels on peut être sûr de soi, François Lebas et François Pandolfi, ont derrière eux le parcours de briscards qui rarement plantent leur ébauches. On trouve sur ce Franciscopolis deux titres, solides, pour en attester. Le morceau éponyme déboule, retenu et griffu, en mariant candeur pop et impact d’un rock du meilleur tonneau. De mélodies qu’on garde en tête en assauts pour le coup bridés mais appuyés, en s’arrêtant à une certaine prestance vocale, elle aussi patinée et non pas écornée par les années ayant passé, on signe une amorce qui, vite, devient rugueuse. On breake ensuite, le climat se bluesifie et la basse englobe le bazar, savamment troussé. On n’a pas à faire à des nouveaux-nés, il est bon de les retrouver dans une forme optimale et notons que c’est Frandol, pour ajouter à la portée de l’objet, qui produit ce disque qui séduit. D’aucuns diront Bizarre rendez-vous, on leur rétorquera Instant trouble.
Deux titres et c’est marre, comme dirait l’autre. On espère que dans la foulée, la troupe se penchera sur la confection d’un album. Ne tergiversons pas, c’est ce qu’on attend d’eux. Puis j’aime quand les « vétérans », ressurgissant, bottent l’arrière-train des jeunes coqs à peine verts. C’est en l’occurrence le cas, prenez-en donc de la graine jeunes louveteaux! Il y a là l’essence même du rock, la matière première pour turbiner sans se défiler.
Avec Don’t put me on, sève mélodique et guitares bavardes s’acoquinent. L’allant est irrésistible, les sons finauds. Tiens, c’est un troisième François, François Fenouil, qui se met la quatre-cordes sur l’épaule et mon ami Cyril Doche (je souligne sa capacité à s’immiscer dans les aventures les plus vraies qui puissent être) gère pour sa part tambourin et mandoline. « Continue pô Cyril! » (l’intéressé me comprendra). A cette belle clique, on adjoindra Guillaume Tranié à la batterie. Mais François Premiers, ce n’est pas une affaire de noms; c’est une question d’unité, d’unisson, au service d’un rock juteux. Il serait malvenu de ne pas en jouir, ça coule de source (rock) et les deux plages livrées augurent d’une suite à l’issue de laquelle on ne prendra sûrement pas la fuite.
J’incruste alors une photo, signée Annie Bossut, dans l’article. On est ici entre gens sûrs, affublés d’une pochette où une vague incoercible, telle l’oeuvre ici présente et présentée, semble sur le point de tout renverser. C’est tout le mal qu’on souhaite aux ressortissants de chez Poseur Records, on leur voue une confiance sans bornes et dans l’attente de l’opus à venir, on se rejoue Franciscopolis fort et à toute heure, avec la certitude que derrière ce premier jet guette une déferlante qui mettra tout son monde d’accord et par dessus bord.
Photo Francis Avet.