On l’attendait impatiemment, avouons-le, après un EP et un album live représentatif de leur bel impact, ce nouveau « BFB« . Même si le mieux reste d’aller se frotter à l’expérience scénique, où il fait de feu de toute note, la bande réussit le tour de force d’en retranscrire, ici, l’indéniable portée. Big Funk Brass donc, signataire d’un nouvel opus studio à la durée cette fois étendue, où siègent une pincée de guests aux interventions décisives. Le disque, dans un jaune et noir seyant, se nomme Higher et fidèlement à son intitulé, il fait gravir une marche de plus, direction le haut du panier musical, à la formation amienoise. Il faut dire que d’entrée de jeu, FP chope le mic, débite son flow grave qui, couplé aux cuivres ivres de la clique, à des choeurs et un refrain imparables, fait louche sans rémission. On est là dans un jazz hip-hop millésimé, appuyé avec maestria par des instrus « maison » dont on verra, au fil de l’album, qu’ils n’ont de cesse de varier, de nous emmener à bon port…sauf que ce n’est pas le même port à chaque fois. Et on s’en félicite. Passé cette amorce de taille, Caol ila investit un terrain connu: celui où, dans un collectif servi par la prestance de chacun des membres du groupe, on se cogne un jazz feutré, bien joué, qui n’hésite cependant pas, soudainement, à s’embarquer dans la déviance.
C’est le cas ici et ce n’est sûrement pas Fireworks, serti de passages « libres » dans un format tenu, qui me fera mentir. L’unisson est audible, le BFB aime, et nous avec, sortir de ses sentiers initiaux. Manhunt illustre bien la démarche; flugabone, sousaphone, trompette, trombone et sax alto, soutenus par une grosse caisse et une caisse claire, se passent le relais ou évoluent de pair jusqu’à imprimer, en profondeur, la patte Big Funk Brass. De vignettes sereines en plages virevoltantes, les huit picards nationalement reconnus génèrent un rendu sans faille.
On aimerait toutefois que celui-ci, personnel, soit plus souvent chanté. Les mecs savent faire: leurs voix, alliées et/ou mêlées à celles des invités, donneraient plus d’envergure encore à des essais qui sont déjà loin d’en manquer. Ainsi Ben L’Oncle Soul, convié sur l’éponyme Higher, lâche t-il comme à l’entraînement, dirait le sportif, une prestation funky dont l’alliance avec la trame débridée du groupe fait merveille. La dynamique est énergisante, le morceau parfaitement ficelé. Move your fonky booty, dans ses pas, nous gratifie d’une salve funky sautillante, où pulsion vocale et giclées cuivrées déménagent et font bon ménage.
Après ça, on peut revenir à d’avantage de quiétude (Little man), sur une route apaisée. L’équilibre est assuré, Big Funk Brass, comme dit plus haut, se refuse à rester figé, uniforme. Explorateur, il voyage et fait tripper, au son d’un ensemble peu commun. Tant mieux, le convenu ennuie et là, l’écueil est brillamment contourné. Des chants discrets ornent le titre en sa fin, puis Lucky fucker nous joue sans crier gare une danse de Saint Guy dont les écarts fous, suivis de « retombées » plus soyeuses, rendent ce Higher plus addictif encore. Lucky us….car voilà ensuite un Rock the stage de haute volée, vocalement (j’insiste) impactant à l’extrême, de nature à filer la pêche nuit et jour à qui lui prêtera l’oreille. Une généreuse louche de hip-hop groovy, énergisant, scratché comme il se doit, renversant. A huit et même en lieu désaffecté (voir le clip ci-dessous), le BFB réalise des prouesses et nous laisse sur les fesses.
Il peut bien se mettre à flotter (Rain), l’affaire est dans le sac. Le dit morceau, de plus, éclaire la place et dégage l’horizon. On remarque par ailleurs, à la lecture du digipack signé Jeff Hawke, que la plupart des musiciens composent au sein du clan picard. Make your choices vient fermer la barrière, notre choix est fait depuis belle lurette; on se range Higher, à l’écoute d’un disque qui tire vers le haut de façon continuelle. Une superbe ébauche, à laquelle ne manque donc à mon sens, ce qui n’engage que moi mais je connais l’apport des vocaux « à la BFB », qu’un peu plus de parties chantées. Come on boys, come on ladies, Big Funk Brass is back to make you dance! Chez vous comme à l’occasion de leurs scènes à venir, toute résistance sera aussitôt tuée dans l’oeuf par la formation « d’Ômiens ». Laquelle, histoire de parfaire le « taf », est allée enregistrer dans les murs du Label Bleu de la « MACU » amienoise ce Higher bien nommé.