Trio lyonnais incluant un suédois, Neige Morte évolue dans des eaux black/death métal que Trinnnt (décembre 2017) a commencé à « élaguer », le travail se poursuivant sur ce IIII qui respire, tout de même, la puissance et le leste bien beuglé. Le cuirassé Hlcst lance l’assaut, la charge est brutale mais Neige Morte y inclut, en même temps que son chaos sonique rouleau-compresseur, des mélodies ainsi qu’un break judicieux. On n’est pas, c’est une bonne chose, dans le violent dénué de tout autre atour. On parvint adroitement, de plus, à changer de direction, au sein d’un seul et même morceau, pour toujours retomber sur ses…cordes (vocales mais pas que). Un long format, Svart Hål, mêle tout à la fois plans psyché, « gutturalisme » de tous les diables et, notons-le, mélodicité éparse, mais bienvenue, dans les motifs. Puis il y a cette force, cette progression des compositions comme d’imparables bulldozers destinés à nous ratatiner. Une cassure survient; c’est là qu’on plonge, et c’est plutôt plaisant, dans un puits psychédélique noir mais bienfaisant. Neige Morte a le mérite, le souci, d’évoluer et son disque, le quatrième au total, en bénéficie avantageusement.
Expérimental, ce IIII est court, doté de « seulement » quatre morceaux hors-interludes. Mais il marquera assurément son homme. Lämna Inga Spår nous marche sur la tronche, se pare de bruits répétés qui vrillent le crâne, de soudaines embardées où les guitares jouent des canevas ingénieux. Dans le genre, les rhodaniens s’en sortent bien, animés par leur force de frappe et de bonnes initiatives.
Iceage s’apparente à un drone, grésillant. Je passe mon tour, j’aurais préféré ce IIII sans ces titres « intermédiaires » mais reconnaissons-le, le reste est au point. L’éponyme IIII, apocalyptique, bifurque tous azimuts. Original, Neige Morte confirme qu’en défrichant, il prend le bon sentier et s’individualise. Jamais uniforme, l’album dévaste, certes, mais se veut variable dans sa puissance. S’ils poussent la démarche, continuent à l’avenir à éclaircir leur métal opaque, ces trois-là rafleront les distinctions. En concert n’en parlons pas: Neige Morte, c’est très certainement l’avalanche.
Pour l’heure, il y a une discographie déjà bien dotée, dont l’audition ne me sera pas quotidienne mais dans laquelle beaucoup trouveront, largement, leur compte et leur dose de ruades impossibles à repousser. J’y retourne même, à ce IIII aux airs d’expérience immersive, histoire de voir ce que ça fait après plusieurs laminages successifs.