Un nouvel album studio, après 35 ans, signé X et ceci sous son line-up légendaire. Soit Billy Zoom; guitare, saxophone, piano; DJ Bonebrake; batterie, percussions; Exene Cervenka; chant et John Doe; basse, chant. La news a de l’allure et on se magne le train pour aller écouter l’objet, disponible à l’écoute et à l’achat sur le Bandcamp de Fat Possum, précieux label d’Oxford dans le Mississippi. On y trouve, avec joie, neuf nouveaux titres et deux inédits déjà datés, qui remontent pour l’un (Cyrano de Berger’s Back) à Flesh Eaters en 81, et pour l’autre (Delta 88 Nightmare) aux sessions de Los Angeles, en 80. On doute toutefois, laps de temps conséquent aidant, de l’impact actuel des signataires du mythique premier album cité plus haut, cité en référence, à juste titre, par une armée de médias ainsi que par les semblables du groupe. L’éponyme Alphabetland nous rassure; on n’en est pas à faire des courbettes. Si le ton s’adoucit quelque peu, on reste dans une lignée punk-rock à l’allant communicatif. Mélodieux mais impétueux, doté d’envolées aux guitares dures, voilà une entrée en matière de bon aloi. Free, d’un rock griffu et saccadé, valide. Les morceaux sont bons, rock et acérés. Moins directement incisifs qu’à la grande époque, ils renvoient toutefois assez de sève, de vérité et de qualités intrinsèques pour ne pas discréditer le quatuor. Water & wine, fort d’un rock’n’roll à l’ancienne à la gouaille punk, imprime l’idée que X, en 2020, tient encore son rang. Un solo bref et de elle tenue l’étaye, des cuivres sans excès en font de même, signés Billy Zoom évidemment.
Strange life, émaillé de ce même impact rock, alerte et laissant une large place à des six cordes loquaces, tient lui aussi le cap. I gotta fever, nullement hypocrite dans son intitulé, ne dénote pas. On attend toutefois le coup de trogne punk, celui qui fonce sans se retourner. C’est chose faite et pour cela, c’est à ce Delta 88 Nightmare ancien qu’il faut en arriver. Voix révoltées à l’unisson, tempo débridé et guitares directes, sur à peine plus d’une minute trente, suivent la voie royale. Star Chambered, de suite après, gicle sur un ton rock…punk, lui aussi frontal.
On est alors gagné, pratiquement, par le come-back d’un X encore percutant. Comme l’est Angel on the road, fonceur et sans atermoiements. On se réjouit, ragaillardi, de renouer avec les charges punk de ces « revenants » inespérés. On a droit avec le deuxième inédit, Cyrano deBerger’s Back, à une ébauche funky à la pêche rock, d’une part joliment chantée et d’autre part, bien ornée par le sax de Billy. Preuve s’il en est que c’est dans les vielles marmites qu’on fait la meilleure soupe…mais soulignons-le, le breuvage cuvée 2020, donc actuel, reste largement consommable!! Il se fend d’ailleurs d’une autre giclée punk-rock, Goodbye Year, Goodbye, qui convertira les plus réticents.
Photo: Michael Hyatt
Enfin, un jazzy All the time in the world, piano finaud en avant, voix narrative en accompagnement, se charge de clôturer un ALPHABETLAND persuasif, doté d’un son d’aujourd’hui, et de chansons élevées, qui ne trahissent en aucun cas la réputation d’un groupe à la portée renouvelée.