Composé d’Yves Carlier (vocals, bass) et Jonathan Lieffroy (guitar, keyboards, machines), « échappés » de leur groupe Last Night, Campari Crépuscule répond au désir de ces 2 hommes d’oeuvrer de front, au sein d’un projet commun. Il souhaitaient un contenu froid, doté d’un certain nerf, synthétique et non restreint, dansable également. C’est, autant le dire de suite, chose faite sur cette collection de 8 titres notoires. Et bien faite! Untitled, sans temps morts, déboule bille en tête avec More, en deçà des 2 minutes. Voix « psychotic », rythme sec, synthés bavards et notes claires donnent le ton. On est bien dans du froid dansant, dopé à la machine et fort d’une belle puissance. Du tout bon qui n’omet pas l’aérien entraînant (Goodbye, ah non déconnez pas les gars!), orné à la guitare finaude. On sent, on entend, que l’éventail reste libre de ton, ouvert à toute forme d’orientation tant que la base inclut les éléments cités plus haut. Beware, dans le chant, me fait penser à Fabrice Gilbert, de Frustration. Ce n’est guère surprenant; Campari Crépuscule, sur le titre en question, renvoie la même séduction cold, ce même impact vocal presque « Curtisien ».
Relax, dans ses pas, calme le jeu. On n’est pas dans l’indolence, loin s’en faut; c’est plutôt, en l’occurrence, l’aspect climatique, retenu, qui ressort. Le champ musical du duo, le constat se confirme, reste ouvert. Des touches fines mettent fin à la chanson puis, comme pour en prendre le contre-pied, le garage-cold/punk de Word fait valoir ses abords belliqueux. Machines aux enrobements un peu fous, ton appuyé et bien entendu, vêture cold s’entrechoquent, confrontés à une basse qui jalonne joliment un titre direct, de ceux qu’on aime parce qu’au bout du compte, on se fait assaillir et l’offensive a tout pour nous combler. War, fort de sons dont il conviendra de (re) noter l’impact, privilégie après cela l’orientation « lente » de la paire complice. Ca les honore, il est vrai que conformément à leur attendu, on ne s’en tient pas sur ce disque à une seule et même option répétée à l’envi. On reste malgré ça dans une cohérence totale. Simplement, on varie les atours au sein d’une mouvance de prédilection évidente.
Sur ce War, on fait dans le son polisson, impropre mais propice à l’audition. Comme partout ailleurs, on pose des fondations cold, on brode autour avec dextérité. Seven, claviers célestes en poche, ne dépassera pas le seuil des 2 minutes. Il laisse un léger goût d’inachevé; dommage, sa trame spatiale aurait mérité d’être poussée. Ca importe, néanmoins, assez peu; This is the end, chargé de conclure ce premier support commun, jette une chape opaque dont la lente progression pénètre le cerveau. On sertit le tout, une fois de plus, de sons bien imaginés. Entre sombre et clair, chant déchiré, crié, et coups de semonce de toute fin de disque, on tient là une belle pièce qui, à l’instar des sorties signées Last Night, confirme les dispositions de musiciens pourvus, dédiés corps et notes à leur art.