Singulier dans son approche (son oeuvre tient à la fois du roman graphique, de l’album et de la performance live), Magic Sword se compose d’immortels ayant pour nom The Keeper of the Magic Sword (red, keyboards), The Seer of All Truths (blue, guitar) et The Weaver of all Hearts and Souls (yellow, drums), qui avec Endless sortent, outre leur nouvel album, la bande originale du volume 2 et chapitre 3 de leur comic book. On s’intéressera bien entendu, ici, à la partie sonore de leur labeur. Endless, donc. Il en donne d’ailleurs l’impression tant ses boucles envahissent l’espace et font dériver l’esprit. Au son des claviers, dominants et qui font toute la texture de l’ensemble, couplés aux guitares et à une batterie cosmique, on quitte la terre. De destination inconnue, le vaisseau Magic Sword traverse le cosmos au son d’instrumentaux spatiaux, dont les incrustes sonores ne font que renforcer le côté céleste (Depths of power, premier titre déjà à part). Le rendu n’est pas, ou plutôt pas toujours, uniforme. Il livre des mélopées séduisantes et bien que toute forme de chant en soit absente, il se veut immersif.
Avec Invincible, les synthés jouent des volutes virevoltantes. L’épopée s’anime, des fulgurances bienvenues l’ornent. Elles retombent, la capsule est prise dans des trous d’air mais retrouve vite le cap. Magic Sword trousse une musique avant tout sienne, renforcée par des travaux pluriels, pluridisciplinaires, qui lui donnent tout son sens. Aftermath, dans la lancée, s’égare. Dans les cieux, où Empress le rejoint. Magic Sword oscille entre climatique et approche plus directe, use de peu de moyens et parvient ainsi à un effort crédible, prenant..ou ennuyeux. Sa répétition peut lasser, en fera fuir plus d’un. Mais à se laisser prendre, à se plonger dans ces voyages définitifs, on court aussi le « risque » d’un temps hors du temps. Shores of oblivion, sombre, prolonge ses boucles. Sans décoller. Inachevé, il laisse place à Prophecy. On pourrait s’ennuyer, en effet, si Endless n’avait pas, au delà d’aspects quelque peu uniformes, une certaine capacité à envoûter. Doté de chant, il m’aurait d’ailleurs entièrement captivé. Là, il attire mon attention. Guère plus.
Corruption, plus loin, stimule l’esprit. C’est là que réside le pouvoir du disque, dans ses trips célestes à la répétition obsédante. Ceux-si sont obscurs et sereins, se font entre quiétude et agitation -trop- mesurée. Ritual, léger, fait parler des sonorités simples, mais bien imaginées, et une basse rondelette. A new quest, plus alerte, met de la vie dans l’essai. Je me dis alors, à nouveau, qu’une voix aurait emmené l’opus ailleurs, lui aurait donné du coffre. Même épisodique, elle aurait relevé ce Endless décalé, sans conteste, mais longuet…à la longue. Ou peut-être pas selon, aussi, les circonstances dans lesquelles il est écouté. Parce qu’il y a réellement, dans tout ça, une identité. Une atmosphère, des sons qui transportent. Mais globalement un peu trop inertes, à l’image de Hope qui s’étend sur le même canevas jusqu’à sombrer dans une certaine redite.
L’éponyme Endless vient alors clore, selon un mid-tempo encore une fois spatial, ce Volume 2/Chapitre 3. Singulier mais à mon sens encore trop linéaire dans la mise en son de ses ouvrages, Magic Sword exige un effort d’adaptation. On s’y pliera ou on fuira, Endless pêchant de par ses plages réitérées en même temps que celles-ci, si elles accrochent durablement l’auditeur aguerri et persévérant, lui assureront un trip profitable.