Après 4 méfaits sonores tous plus jubilatoires les uns que les autres, dont le dernier en date, un Finger bueno bon à s’en lécher les…doigts, Infecticide répond entre humour et sérieux aux questions de Muzzart.
1) Bon les gars, l’heure est grave là ! Vous êtes suspectés d’avoir piqué des sons partout (Beastie Boys, Front 242, The Neon Judgement, Liaisons Dangereuses et j’en passe tant les méfaits sont nombreux), et d’en faire à l’arrivée quelque chose de génial et très personnel. Qu’avez-vous à répondre à cette grave accusation ??
-Monsieur le procureur, il ne faut pas croire tout ce qu’on lit dans le communiqué de presse de 2014!
2) On me souffle dans l’oreillette que les sons mentionnés plus haut, soi-disant « dérobés », ne proviennent que de vos 2 cerveaux fertiles et dérangés ; vous confirmez ?
-Alors nous sommes trois dans le groupe, mais effectivement l’un de nous n’a pas de cerveau.
3) La culture et sous-culture française alimentent efficacement vos essais. J’en veux pour preuve, entre autres, l’excellent « Les Français préférés des Français » sur Poil de coeur. Quelles sont, mis à part cela, vos sources d’inspiration ?
– L’humain, d’une manière générale, avec ses nombreux travers mais aussi son espoir permanent d’aller plus loin, ses voeux de grandeur, l’importance qu’il s’accorde, tout cela est très touchant et inspirant, quand on considère sa ridicule espérance de vie. « Un champignon qui pleure, une petite motte de peur »
4) A l’écoute, qui m’a je dois le dire totalement captivé, je vous ai trouvés punk, cold, vaguement hip-hop, électro, un peu Jeunes Gens Modernes aussi, EBM sans la BM , 80’s et tant d’autres choses encore. J’ai bien l’impression que c’est ce qui fait votre richesse et vous rend si attrayants. Qu’en pensez-vous ?
-Merci bien 🙂 Nous pensons en effet qu’il est pénible de rentrer dans les codes précis d’un style musical et de s’y tenir, d’autant que les modes changent plus vite que la musique, c’est souvent un crédit sur 3 ans pour la ringardise. Nous aimons mélanger les ingrédients qui nous nourrissent, et tenter de nouvelles recettes, plus ou moins bienvenues, tout en gardant si possible une certaine cohérence entre les plats. C’est généralement l’humour et la révolte qui servent de liant.
5) Vous faites du décalé pas laid, en fait ? A ce sujet et en termes de décalé, le fait d’être chez Da ! Heard it Records et Atypeek doit parfaitement vous convenir ?
– Nous collaborons aussi avec 3 autres labels, tous particuliers: KDB en Bretagne, qui a sorti notre vinyl « Compalition », Detonic Recordings en Australie, et Darkitalia en Italie. Mais en effet, la politique de notre label historique, Da! Heard it Records, de gratuité des albums en téléchargement, nous place ailleurs d’office. Cette place semble décalée si on prend l’industrie musicale comme norme. Pour nous c’est l’industrie musicale qui donne dans le décalé. Je ressens davantage d’émotions devant Dog TV que devant MTV. La plupart des médias musicaux diffusent ce que leur soumettent leurs amis R.P. de maisons de disques conventionnelles, et vont dans les SMAC chercher ce qu’ils appellent des « groupes émergents », par peur certainement de découvrir dans les caves des trésors bien plus intéressants que la soupe environnante, rassurante et ronronnante.
Alors qu’on soit décalé, coupé, calé découpé, ou coulé décapé, je ne sais ce qui fait peur, mais il est certain que le lissage actuel ne laisse pas la place, même dans les médias qui se réclament d’un esprit rock’n’roll, à la moindre trace de révolte ou de vraie insolence. Même s’ils savent qu’on existe, aucun gros média musical, (hormis Tracks sur Arte et La France a un Incroyable Talent sur M6, je te laisse deviner lequel des 2 on a refusé), ne parle de nous, ce qui nous convient parfaitement, notre but n’étant pas d’être exposés. On est un groupe de live, et notre public nous suit, nous ne demandons rien de plus, nous sommes comblés par la place que nous occupons.
6) Etes-vous enfin parvenus, périlleuse mission, à éradiquer l’infect sonore qui nous affecte, en bon Infecticide que vous êtes ?
-Nous plantons autant que possible des graines de joie, de fureur et d’auto-détermination, certaines germent, puisque parfois même de jeunes groupes avouent qu’Infecticide les a nourri et impulsé, ce qui nous rend bien aise. Mais nous ne sommes pas des bourreaux, c’est le public qui dispose du droit de vie ou de mort. Il me semble plus urgent, en France, de purger la police que le milieu de la musique.
7) Existe t-il au sein de la scène françaises des groupes dont vous vous sentez proches dans l’esprit ?
-Au sein de la scène francophone je dirais, car beaucoup de groupes belges ou suisses font partie de la famille. Je suppose que tu voudrais du name-dropping alors par exemple Mélodik Pinpon, Le Crabe, Fourmi, Mr Marcaille, Le Matin, Cachette à Branlette, Tout Est Beau, Adolf Hibou, Mono Siren, Hart-Lemonnier, Astaffort Mods, Mismerizer, Daisy Mortem, Dani Cosmic, ou à l’étranger Les Trucs, Jemek Jemowit, Christeene……….. évidemment je voudrais te citer 10 000 artistes que nous respectons, aimons, qui parfois nous influencent, avec qui naissent des collaborations, et avec qui nous avons tissé des liens au gré des tournées, en partageant des plateaux.(je ne parle parle pas de fruits de mers)
8) Pensez-vous d’ores et déjà à la suite de Finger Bueno, ou laissez-vous la petite de la pochette digérer le goût de la m++++ qui lui borde les lèvres (et le public, par la même occasion, « ingurgiter » cette œuvre à la croisée des genres) avant de vous y atteler?
-On laisse digérer! Il est probable que le prochain projet d’Infecticide ne se présente pas sous la forme d’un album, mais d’un film expérimental. En tout cas nous avons envie de pousser de nouvelles portes pour voir ce qui se cache derrière.