Duo constitué de Toxic Razor & Kriistal Ann, fondé en 2014, Paradox Obscur s’appuie sur des synthés froids, omniprésents, ainsi que sur une voix féminine qui peut se faire suave autant qu’impétueuse ou encore sensuelle, pour générer un son bien à lui. Ayant déjà plusieurs sorties à son actif, il perpétue talentueusement, sur ce SYNΘESIS, un univers assez décalé, assez « catchy » dans sa froideur enlevée, pour séduire bon nombre de curieux. L’électronique sert de base, Mantras développe pour débuter une trame instrumentale assez représentative de l’option empruntée. Touches EBM, boucles « Obscur » dont surgissent des rais de lumière, relative, et cadence vivace font qu’à l’arrivée, on tend l’oreille. C’est ici un chant « d’ailleurs » qui orne le morceau mais avec Fester, où j’entends les sons de claviers de nos Maman Kusters brestois favoris, Kriistal Ann prend les commandes du mic. De sa voix encanaillée, séductrice sous des aspects mutins, elle accompagne parfaitement des machines dont les cheminements nous embarquent sans forcer. En évitant, de plus, l’écueil du « tout pareil » car chez Paradox Obscur, on n’est pas dans le linéaire. X-spell serait même presque rock; on croit déceler, dans les notes des « keyboards », des riffs détournés. Ca renforce l’accroche, affirmée, de SYNΘESIS. Entre nappes sorties de la glace et brèches plus claires, une assise est trouvée.
Il s’agit d’un album dans lequel il faut plonger; on y vit un moment un peu hors du temps. C’est de plus dansant, ténébreux, disco mais dans la noirceur, dans un underground où il est bon de s’enfoncer. Abeyance, sur lequel la surprise provient d’une voix masculine à laquelle Kriistal répond, confirme le choix du sombre à la lumière blafarde qui fait le charme dark, et continu, de l’objet.
Celui-ci m’amène au souvenir de Risqué, paire française au registre proche, dans l’esprit, de celui affiché par Paradox Obscur. Tiens, Réflexe amène justement notre langue dans le registre du combo. Ca passe avec classe, sur un ton déviant qui lui aussi franchit le cap aisément. Inferno, rythmé, validant dans la foulée la maîtrise démontrée. Il breake sans s’attarder, allie vitesse et abords brumeux. L’effort est bien dosé, comme l’est par ailleurs l’opus en entier. Dont l’Alternative mix de Fester, très EBM, prolonge la danse et accroît le pouvoir d’attraction. On s’égare volontiers dans le son, bien ficelé. Le Protector 101 remix du même titre, ensuite, en fait une expérience bien spatiale, suffisamment singulière pour qu’on n’en décroche pas.
Enfin, c’est une nouvelle relecture qui s’offre à nous, limitant le nombre des « vrais « morceaux mais sans écorner la qualité de l’album. C’est pour le coup Réflexe (Tanya Baltunova remix), qui nous emmène à son tour dans les cieux. On y est bien, le voyage généré par Paradox Obscur valant de toute évidence la peine d’être vécu et s’avérant même, passé ce temps fort, bénéfique pour l’être.