Nantais -c’est bon signe, c’est un peu comme quand tu viens de Rennes ou Rouen; y’a pas tromperie-, Mikaell Peels, déjà, t’ennuie avec son nom. Pas idée de s’emmerder avec un tel patronyme; quand tu veux parler d’eux, tu sais plus s’il y a 2 « l », s’il faut mettre un c avant le k et je ne sais quoi encore. Mais ils sont bons, très bons. Alors ça rattrape « grave » et puis, c’est « moins pire » que s’ils s’étaient appelés, par exemple, Kyochine ou un truc dans le genre (toute ressemblance avec des bouses mainstream répugnantes est bien entendu fortuite). Mais cessons de faire le fanfaron; leur nom, quoiqu’il en soit, me plaît et ce Black sun’s road, troisième des ep’s sortis par la clique, met des coups de trique. Pas seulement d’ailleurs, quand il investit génialement la langue française comme a pu le faire Entracte Twist, sur un Etreintes brisées où il…twiste, justement, dans une giclée fuzz de fin assez ébouriffante. Comme le morceau, d’ailleurs, entre post-punk et psychédélisme qui aime faire le rude.
Quand on pense que Family life, le morceau introductif, a lui aussi semé un joli bazar, racé, dans la bicoque, on en viendrait presque à oublier qu’on est « enfermés à domicile » (ça fait plus léger que « confinés »). C’est effectivement et comme annoncé, un standard post-punk qui enlace le psyché, joué avec intensité et subtilité dans le même mouvement. On a en plus droit à des « Wouh! » qui, mine de rien, dynamisent le truc et insufflent un surplus de sauvagerie dans l’ouvrage de ces jeunes gens aussi doués que fiables. Qui, même avec Le vent de Face, s’en sortent avec maestria, ayant le vent…plutôt en poupe. Précisons à ce sujet que le recours à notre langue trouve pour le coup parfaitement sa place, amène du « mélodisme », une poésie viciée que le groupe s’empresse de balafrer à grands coups de dérapages instrumentaux et de hausses rythmiques qui nous laissent loin derrière. Et qui, ensuite, laissent place à des motifs adoucis, lesquels débouchent sur des excès…et ainsi de suite jusqu’à réussite totale et flamboyante.
Après ça se présente l’éponyme Black sun’s road. Tiens, j’y entends des sons kraut, dans la cadence aussi. On ne tarde pas à entrer en dans des phases où ça dévie, ça sied d’ailleurs parfaitement à nos amis performants. Alors quand se pointe La bande de J.Powers, pas forcément tranquille non plus, on vous laisse imaginer l’ampleur du rendu. La langue de Molière, en plus, lui donne un cachet supplémentaire en se débattant au beau milieu des effluves de guitares batailleuses et remontées. Mickaell Peels, sur la route qui mène au soleil noir, prend la pôle position. Celle qui, après 3 efforts sans faute, lui permet de mordre les guibolles des « reconnus ».
Il finit en outre magnifiquement son EP, ce qui ne gâche rien. Plastic brain -en Français dans le texte, à ne négliger sous aucun prétexte-, d’un feu psyché ardent et élégant, achevant une rondelle qui passe vite car plus que bonne elle est, servie par le savoir faire de ces messieurs méchamment recommandables.