Révélé à mes oreilles par le biais de son album éponyme (février 2018), le quatuor parisien Vox Low « de chez Born Bad » s’essaye aujourd’hui au remix, livrant 4 de ses titres-phare (et ce n’est pas ce qui manque) à une clique de relecteurs doués, issus de la frange underground qui fait et vit les choses pleinement, en toute intégrité. Déjà lui-même ouvert depuis sa base cold envoûtante, le groupe en tire un grand bénéfice.
En effet, ce sont déjà 4 cliques ou gaillards aux postures solides qui s’affairent ici et Low Trax, alias Detlef Weinrich, remaquille It’s rejuvenation pour en faire une sorte de dub cosmique, prenant et hypnotique. Actif à différents étages, l’Allemand entrevu par ailleurs et entre autres chez Kreidler et Toresch est à son affaire et livre déjà, pour inaugurer le disque, un labeur à la fumée psyché qui elle aussi embrume remarquablement les lieux. C’est bien parti, c’est en outre sur plus de 7 minutes que notre homme prolonge le plaisir, décuplé donc. On s’en rend compte sans tarder; Relectures dévoile un vrai travail de…relectures, à l’opposé du bâclé sans consistance. Abschaum, sur Rides alone, nous abreuvant de motifs froids et d’un chant en Français qui, belle surprise, accentue le ressenti lié aux mots employés. Influencé par Alan Vega, shooté à Can et Spacemen 3, le trio transcende l’étayage du morceau original, le truffe de saturations qui déchaîneront les passions. J’entends, dans ce débridé à la fois puissant et spatial, les Young Gods.
On en vient alors à la moitié du « bazar », lequel bouscule déjà les sens avec insouciance. Pilooski, DJ et compositeur oeuvrant chez Discodeine et produisant ou collaborant avec, pour faire court, Tristesse Contemporaine (ce qui n’est déjà pas rien), Baxter Dury ou Jarvis Cocker (excusez du peu..), s’attaquant à What if the symbols fall down. Là encore, l’option dub à la « planance » presque kraut dans la cadence, orné de sonorités dont les Remixeurs ici sollicités ont le secret, fait mouche. On s’élève haut, certes, mais on se fait aussi bouger, dézinguer le cortex. On perd ainsi tout contrôle, délicieusement égaré dans la sphère au son du « Pilooski floating dub » concocté pour les besoins de Vox Low. Des sons dépaysants, des fulgurances bridées, accompagnent la dérive vers on ne sait quelle rive. Cette dernière passe, à l’image du morceau de début, le cap des 7 minutes et inclut des voix « venues d’ailleurs », qui contribuent à sortir l’auditeur de sa zone de confort. Ca tombe bien, c’est très certainement ce que cherche Vox Low à travers relectures.
Il y parvient, et bien. Son ultime trip, généré par Orestt et intitulé Orestt Version, s’applique à Trapped on the moon (vers laquelle il grimpe et nous emmène). Le patron du label Evrlst.inc, dont c’est le premier remix, impose avec brio une plage sombre, aux gimmicks attractifs. Le bonhomme tient par ailleurs un magasin de disques à Nice dans lequel, à l’écoute de son effort pour Vox Low, on se bousculera au portillon, si ce n’est pas déjà le cas. Entre l’agité et le totalement brumeux, le vaporeux alerte mené par le rythme, marqué, on termine avec la même maîtrise, la même habileté à « refaire », que sur les 3 morceaux précédents. L’affaire est pliée, Vox Low « agréabilise » l’attente de ses prochaines sorties (live et discographiques) et se pare d’une sortie encore une fois éloquente, qui crédite de plus d’autres artistes tout aussi méritants.