Trio issu de Londres et Glasgow, déjà honoré ici pour son Why choose qui m’avait fortement plu (octobre 2015), Shopping revient et perpétue son post-punk discoïde, entre Gang of Four, Talking Heads et la fantaisie d’un B 52’s, avec ce All or nothing qui penche bien plus du côté du « all ». Formé en 2012 et ayant vu ses membres (Rachel Aggs (guitar), Billy Easter (bass) et Andrew Milk (drums)) évoluer auparavant dans différentes formations très « DIY », l’habitué des magasins en connaît un rayon dans le groove, insistant, où basse charnue aux lignes vivifiantes, batterie vive et guitares parfois dépaysantes, chants mutins en renfort, tiennent une place prépondérante. Le procédé assure au groupe un rendu qui se tient et, d’autre part, une certaine singularité. On remue les gambettes à l’écoute, Trust in us pulse et nous attrape. Son refrain, qu’on pourrait croire prétentieux (ce qui n’est pas le cas, loin s’en faut), obsède. On a envie de le scander. Initiative déroule lui aussi, chant féminin en tête de gondole. L’initiative est louable, le rendu finaud et pourtant tellement alerte, irrésistible pour qui aime le post-punk aux effluves dansantes. C’est mon cas, j’en prends donc de grandes lampées. Follow me nous invite à le suivre: no problem et avec grand plaisir, chers britanniques!
No apologies, doté de ce même allant, laisse les voix se répondre. Dans son post-punk parfois presque exotique, Shopping laisse perler une sensibilité mélodique qui ne fait que le grandir. Il s’en tient de plus à des trames simples, dont on n’a aucune peine à suivre le cheminement. Le bien nommé For your pleasure, de ce même nerf mélodique, nous amène au mitan de l’album en nous régalent de motifs malins.
S’il existe, chez Shopping, une relative uniformité dans le contenu, elle ne porte en aucun cas atteinte à All or nothing, qui continue à étaler les titres de qualité. About you joue sur les notes de la basse, complètement addictive, et sur les chants associés. Lies se fait plus saccadé, Expert advice également, avant d’imposer ses accords virevoltants. Ce ne fait rien flancher, bien au contraire. Rien n’est négligeable sur ce « diqse », Shopping ayant trouvé sa voie depuis bien longtemps déjà et la réitérant avec mérite. All or nothing le confirme dans sa condition de groupe-repère. Celui dont on sait, à chaque sortie, qu’il ne nous fera pas faux bond.
En fin de parcours, un Body clock bondissant se fait entendre. L’intérêt reste maximal. Puis l’éponyme All or nothing, d’un léger ombrage, nous fait danser et chantonner une dernière fois. Les emplettes sont terminées; habituellement pénibles, elles n’ont été, en compagnie de ces 3 « brittons », que source de plaisir musical constant. La panier est plein; de bonnes choses, de sons qui mettent en joie, concoctés par des musiciens à la formule porteuse.