Duo bruxellois de « free folk garage », Alaska Gold Rush se compose de Renaud Ledru: (guitars, vocals), et Nicolas Collaer (drums). Il sort de belles pièces depuis 2013, taillées dans un folkindé aux teintes rock rêches ou cristallines. Ou les 2, couplées comme il se doit (Smell the robbers), sur ce Camouflage bon, très bon. Dans une formule minimale, mise en place par deux mâles qui ne font rien mal, Playground dévoile une trame claire et mordante, rock et mélodieuse, bluesy dans ses notes de guitare. Ces deux-là sont complémentaires, la frappe souple de Nicolas répond au jeu fin et inspiré, acéré et offensif, de Renaud. Le chant, doucereux, ajoutant à la valeur d’une rondelle qui sort, de plus, chez Luik Music. Ce qui est loin de gâcher l’affaire. L’éponyme Camouflage, poppy, amenant sans plus attendre son éclat à l’ensemble. Les petits détails décisif sont légion, Pretty fait sautiller sa blues-pop. Celle-ci est rude dans sa beauté, entière à l’image de la paire l’ayant conçue. Le plaisir de jouer et de créer, la passion, l’authenticité, sont aux manettes de ce disque à ne surtout pas négliger.
Alaska Gold Rush salit ses airs, les purifie ensuite (ou l’inverse); le contraste est d’un apport évident. Record machine, son canevas folk-blues en clair-obscur, brille à son tour. Dépositaire d’un style qui lui revient avant toute chose, le combo aime à jouer rugueux, à incruster, dans ses attaques appuyées, de la joliesse vocale que des ruades brèves entament (Dark is night). Adepte des contraires complémentaires, il les maîtrise avec l’aplomb des aguerris.
Sur un ton tranquille, Bone breaking louche vers le blues. D’abord posé, il laisse ensuite libre cours à l’expression des six-cordes, orageuses. Alaska Gold Rush est subtil mais jamais complètement tranquille, mordant et jamais barbant. Movie, dans une option tout aussi contrastée entre clarté et sorties de route tenues, vient se poser dans le tout, naturellement. Peu prévisibles, Ledru et Collaer risquent en revanche, avec de telles oeuvres, de devenir visibles. C’est tout le mal qu’on leur souhaite, l’accession à une vraie reconnaissance (j’entends par là celle de la frange indé, n’allons pas non plus nous fourvoyer…) ne serait en aucun cas usurpée. Rockets, au nerf rock débridé, sans aucun rajout (le vrai, toujours), le confirme sans coup férir.
Enfin et puisque le très bon est parfois court, Grab the flames vient clore l’effort. Croyez-le ou non, il ne se contente pas d’être beau; il s’encanaille, restant toutefois dans la retenue. On vient encore de faire une trouvaille à se garder au chaud (j’avoue n’avoir découvert le groupe qu’avec ce Camouflage à ne surtout pas camoufler), issue de chez nos voisins Belges dont le pays, décidément, regorge comme le notre de formations performantes et pertinentes.