Trio émanant de Zurich, Sooma sort avec ce It’s all about to change son nouvel album. Il ment, de par son titre, puisque rien n’y change; on décèle dans les 10 morceaux livrés, urgents, rageurs et spontanés (l’opus a été enregistré live sur bande et mixé en analogique), tout le savoir-faire de Yannick Consaël: guit/voc et ses 2 acolytes (Fidel Aeberli: drums; Victor Rassov: bass). La prédominante est grunge, on s’autorise des écarts noise et un peu moins de 2 ans après l’opus éponyme inaugural, la fine équipe frappe fort. Alive, fonceur, donne le ton sans ambiguïté; le registre est dépoli, intense, sans détours. Si « pause » il y a, elle tient en ce break noisy sonique qu’un Mudhoney aurait breveté. Break it, riffeur et frénétique, suivant une trajectoire similaire: brute, arrachée, joué vite mais sans finir dans le décor. Sooma s’en tient à l’essentiel, se passe de toute démonstration.
On pense évidemment à la vague grunge des 90’s, cela va de soi. Elle est ici égalée dans son impact. Lorsqu’on tempère son ardeur (le bien nommé Slow mess), on reste dans le rouge. Materiales humanos, à la jonction des 2 tendances, fait montre lui aussi d’une puissance de feu incoercible.
On est de toute façon rarement déçu par nos voisins helvètes. Ceux-ci ont de plus le mérite de ne jamais tromper leur monde sur la marchandise, pure et efficiente. Hail, inhale paralyse à son tour le cortex. Basse-guitare-batterie, chant éraillé « et puis c’est tout », traces sonores bien crades font de It’s all about to change un pavé sans temps morts. 1141, sur un format moins bref, chatouille Nirvana sur son terrain favori; celui du son qui se souille. Pigs suit, haché, en asseyant l’unité d’un disque à la carapace 90’s inattaquable. Doté d’effluves psyché, il impose comme le reste ses attitudes braillardes et directes. Blue light instaurant ensuite ses vagues successives, tout aussi inarrêtables.
C’est avec Recca, plus « tranquille », qu’on explore réellement un terrain plus sage. En apparence. Plus « pop », mais dans une lente perversion, il permet à Sooma d’amener ce petit plus, de trancher dans son répertoire tout en en maintenant la cohérence. Enfin, c’est un Pingu’s nightmare également plus bridé, jolie confirmation d’une fin d’album plus psyché, qui met fin à l’oeuvre du clan des montagnes. Celui-ci, dans une mouvance certes connue et rabâchée, parvenant à se distinguer en alliant impact, authenticité, aptitude à trousser des standards indie-grunge et ce sur des durées réduites seyantes à souhait.