Projet de Marco Cattani, membre d’ Halo Effect actif depuis une grosse dizaine d’années, Chemical Waves sort avec ce Even when we fall apart son premier album « labelisé », puisque c’est l’écurie française Unknown Pleasures Records qui l’héberge. Si le fait est nouveau, et fait suite à bon nombre de parutions auto-produites, il ne dénature en rien ce qu’entreprend l’Italien. Ce n’est pas le genre de la maison, gage de fiabilité brevetée. On est de la cold-wave de classe, celle-ci peut se faire offensive (un excellent Denied (feat. Bedless Bones) où l’invitée fait briller le morceau d’un féminisme dans le chant qui l’élève incontestablement) ou plus contemplative, mettant l’accent avec aplomb sur le climat dégagé (The only way feat. Closed Mouth, qui se déploie sur plus de 6 minutes saccadées, soulignées par une voix cette fois délibérément « mâle »). Avec adresse, Chemical Waves franchit l’épreuve du « tout-pareil », diversifie ses atmosphères et a le bon gout d’imposer des intervenants dont aucun ne faillit dans ce qu’il renvoie. Post-punk autant que darkwave ou encore coldwave, sans omettre les sons new-wave qui parsèment discrètement son disque, Chemical Waves semble, déjà, sur la voie royale en termes de qualité de son labeur. Il m’évoque Babel 17, de chez nous, pour son champ large et maîtrisé.
Ainsi, The sphinx (feat. HIV +) renvoie une énergie, une grisaille vocale seyante et bienvenue, qui à leur tour font la différence. Vagues de synthés, cadence sans détour participent de l’attraction provoquée et valident, s’il le fallait encore, la pertinence des guests dont le sieur Cattani a ici fait le choix. Alors que The graves of our past, lancinant, met en exergue l’organe majestueux de Virgin Tears. Dans le climat, ce sont en l’occurrence mes écoutes de The Cure, époque Disintegration, qui me reviennent en tête.
Adroit, donc, dans l’élaboration de ses ambiances, Chemical Waves signe son arrivée chez Unknown Pleasures Records avec brio. Son Blindfolded instrumental en ouverture le laisser présager: le son est sombre, certes, mais l’éventail bien déployé. Fall asleep assure un intermède instrumental pour laisser place à Hymn (feat. L’Avenir). Il en émane de douces traces gothiques, son enveloppe vaporeuse et son chant une fois de plus concluant lui donnent du cachet. Subtil dans ses nuances de gris, Chemical Waves nous drape dans ses étoffes sonores. Void and light, sur lequel le crooner dark ANTIFLVX se fait entendre, lâche un souffle gothique avenant. Marquant climatiquement, vocalement et séduisant de par ses sons, Even when we fall apart est une pièce majeure. The sparkles in your eyes, vif, tourne le regard vers des contrées new-wave. Superbement interprété, EGOPRISME y allant de sa voix claire un brin cold, il entérine la portée d’un opus captivant et jamais dans le vent.
Aucun opportunisme, loin de là, chez Cattani. C’est même le contraire. Ce dernier est vrai, inventif. Il nous tient en haleine et joue avec nos sensations sans se disperser. Desire’s web feat. RjVj, brumeux, se niche bien haut au moment de conclure. On note, à nouveau, la finesse des incrustes sonores, aussi simples que bien trouvées. Petite pépite signée Chemical Waves, Even when we fall apart exercera sa séduction auprès d’un pan large de la caste cold. Il honore par la même occasion son intronisation chez « UPR« , où on espère le voir s’inscrire dans la durée, aux côtés des nombreuses perles déjà présentes au catalogue de la dite structure.