Quatuor Letton, contrairement à ce que son patronyme pourrait laisser supposer, Les Attitudes Spectrales vient de Riga. De façon contradictoire, une fois de plus, avec son nom, il ne verse pas dans la psychédélisme. C’est plutôt du côté d’un courant noisy-pop estampillé 90’s qu’il tourne ses notes, et son chant, sur ce Vampire in the summer dont les 9 morceaux ne laissent que peu ou prou de place à d’éventuels ratés. Signé en France sur le label messin Specific Recordings, il affiche de surcroît une…Attitude indé indéniable, joue dans le rouge et fait valoir de jolies voix (Long time coming). Un coup d’oeil à son Bandcamp révèle 2 autres disques, sortis en 2014 et 2015. « Etrangement », ils sont
également très bons. Julien Stark ont donc déjà pris leur envol, ça explique la qualité démontrée sur l’album et les choeurs de Gone, pour démarrer, s’acoquinent avec une pop mélodieuse, un refrain aux « On and on and on and on » irrésistibles, sur fond de guitares qui fuzzent à tout-va. Et qui, dans l’élan, dynamitent Lighthouse de leurs riffs explosifs. Si la rengaine se veut poppy le titre qui suit, Astronomy, flirte lui avec un rock’n’roll dont le shoegaze bien sonique ne serait pas exempt. Ca fuzze, encore, et ça fuse. Un brin de psychédélisme à la « remuance » évidente est plongé dans le bouillon, on n’a alors plus qu’à en prendre de grandes gorgées, à gorge déployée.
Plus loin, Faces dissolve joue une pop noisy de choix; il n’y a pas tromperie, que ce soit sur la marchandise ou sur l’époque dont elle provient. La rêverie du chant, qui surligne bon nombre de compositions, ou ses envolées plus affirmées, ajoutent une belle pièce au puzzle. C’est le cas sur It glows behind the trees, où la beauté des accords fait face à des déchirures bien senties. Des riffs lourds, puissants, mettent fin à la dite chanson.
Meat and flies, après ça, livre des élans surf. De façon frontale, nerveuse, pour instaurer un jet punk convaincant. Subtilement poppy, dans le bruit, ou plus ouvertement « irrités, Les Attitudes Spectrales tiennent vaillamment le cap. Il est bon de découvrir de tels clans, issus en outre de contrées à priori peu réputées pour leurs groupes. L’effet n’en est que plus significatif encore. Long time coming, cité en début d’article, insuffle un surplus d’agitation avenante. Vampire in the summer égaye notre hiver, c’est contradictoire mais assez jubilatoire. Sans en faire des tonnes, le groupe séduit sans discontinuer. Chimera, d’un rock offensif aux nuances bluesy, étend par ailleurs l’éventail parcouru.
Enfin, I was a boy and not a statue, sur…38 secondes, impose un punk-rock qu’on imagine sans fioritures. Il l’est, frontal et cogneur. Sur un disque certes court, mais méritant d’instant en instant, Les Attitudes Spectrales nous fait un cadeau à ne pas rejeter, marqué par son goût pour le créneau noisy, le bruitisme aux mélopées louables et, de manière audible et contentante, nos regrettées 90’s.