Follow Me Not? En v’là une bonne, comme on dit par chez nous. Avec un tel album, difficile de le concevoir! Parce que ces 2 là, de Quimperlé -bretons jusqu’au bout du crachin-, déjà, sont présents depuis un moment, ce qui les crédibilise. Et que leurs « releases » (vous noterez mon anglicisme très racoleur), celle-ci étant prévue dans quelques semaines, méritent des écoutes en pluie. Mais revenons à ce duo, qui à l’origine tenait en un projet solo lancé par Nicolas Guerroué (ex animateur de l’émission Black Planet sur Radio Méduse à Lorient, ex président de l’asso Clysen). Lequel devint duo à l’arrivée, en mars 2016, du bassiste Mik Chevalier (ex October 27th, groupe coldwave de Quimper).
Arrivèrent alors les concerts (ouverture pour les Stranglers, Modern English, Spleen XXX, Tchewsky & Wood et j’en passe: qu’est-ce t’en penses Hortense?), le projet évoluant jusqu’à trouver son apogée sur ce Vanishing smile impeccable, ni plus ni moins que le 6ème opus de ce combo soi-disant « à ne pas suivre ». Qui se ment à lui-même en livrant sans plus attendre un Reason cold digne des formations de l’époque ciblée, étayé par des synthés qui ne font pas n’importe quoi. Un premier délice où voix et guitares déflagrantes s’incrustent, dont l’écorce mélodique est à la fois âpre et avenante. Ces gars-là sont des vrais, leur parcours et plus encore, cet album Authentik (clin d’oeil à NTM, rien à voir certes mais c’était une fois de plus pour étaler ma science de rock critic « impliqué ») à souhait le prouvent sans jamais dérailler. Walls, qui lorgne côté post-punk tout en faisant valoir des incrustations claires, des claviers encore une fois d’un bel apport, fait à son tour la différence, parachevant un début d’album prometteur à l’extrême.
L’éponyme Vanishing smile, cold-pop façon Motorama en son début (sauf que, ironie du sort, Follow Me Not était là avant), porteur d’une mélancolie transmissible, met à mal toute crainte de voir les Bretons se ramasser. D’autant que Bliss, qui me rappelle James ou encore Thousand Yard Stare en plus ombrageux dans le chant, nous jette sa finesse remuante à la face. Follow Me Not attestant de surcroît que la qualité n’est pas le simple apanage de la capitale; on la trouve aussi et surtout, en quantité pas forcément limitée, dans des terres plus reculées. Dont le climat capricieux trouve, avec le crachin à la Jesus and Mary Chain de When winter’s gone, la plus adaptée des illustrations. Entre Darklands et Psychocandy, les 2 hommes tirent le meilleur, ici, d’un courant noisy qu’ils ont assimilé avec le doigté des plus grands. Et comme si ça ne suffisait pas, Careless honore lui aussi les frangins écossais, option Damage and joy ou encore Honey’s dead. Les références, en plus d’être sans équivalent, sont pour le coup égalées d’un point de vue fiabilité. On ne s’ennuie de plus jamais, la paire ayant pour habitude d’agir sur un mode opératoire vivace.
On ne s’étonnera donc pas de l’allant cold sensible de Sunday, où les synthés traversent le vent. Délicat dans ses penchants froids, il précède Dreaming qui, lui, me dit Stoned and dethroned. Scintillement mélodique, ressenti évident, rythme tenace, bon bref, c’est une pépite supplémentaire que les Finistériens nous servent là. Et ils en rajoutent, les bougres, avec la cold-wave de My pulse. On entend, ça et là, une brise shoegaze légère qui elle aussi nous réjouit. Strange strangers, plus lent, met en exergue l’option atmosphérique du groupe. Qu’on suivra évidemment, en dépit de sa demande qu’on imagine trompeuse, au motif qu’il excelle dans tout ce qu’il conçoit. Farewell, délicat, bordé de motifs fins avant d’imposer des secousses noisy du plus bel accabit, mettant fin à un Vanishing smile supérieur, signé par 2 hommes au talent considérable.