Trio pop-folk originaire de Lille et Arras, Old Tree’z a ouvert pour Emily Jane White le 11 décembre dernier, ce qui n’est déjà pas rien. Soutenu en 2019 par le Pharos-Ville d’Arras, il sort avec ce One is the colour son premier album (après un EP appelé Change), plutôt cristallin mais qui s’offre quelques embardées (Road et sa ferveur mélodique pétillante) dont le contenu vivifie la grosse dizaine de titres livrés. Moh : lead vocal & djembé (j’exècre l’objet et son côté « Ouuuaais!! C’est cool on est tous ensemble » mais ici, je n’y trouve rien à redire), Mélanie : drums, SPD-SX & choirs, et Romain Watson : guitar baryton, loopstation & choirs, en quête d’un son bien à eux, suscitent l’adhésion par la pureté et la vie mise dans leurs harmonies vocales, lesquelles s’acoquinent avec des trames musicales fines, certes, mais aussi très animées (Run qui ouvre la marche).
Fly, en seconde position, brille des mêmes atouts: sombre éclat des voix, subtilité d’un fond légèrement obscurci. Le son, original, crédite le groupe et se distingue de par les instruments usités, inhabituels. On n’est pas, avec Old Tree’z, dans de la folk qui fait bailler. Gather, doté d’une coloration similaire, d’implosions internes mesurées, le démontre; Old Tree’z, qui défend par ailleurs le milieu naturel (un album acheté, un arbre planté), exploite sa propre écorce. L’éponyme One is the colour touche au trip-hop, dans une acoustique assez enlevée pour retenir l’amateur. Avant qu’un Climb mountain aussi dénudé, Old Tree’z usant d’éléments minimaux dans la mise en place de ses compositions, ne se mette en avant par ses mélopées un brin euphorisantes, comme chez les regrettés Bewitched Hands avec leurs airs pop magistraux.
Passé le Road impétueux décrit plus haut, River suit le même cours sur un ton mélancolique. Never really gone développe des penchants célestes, je préfère toutefois les 3 nordistes quand ils dévient plus franchement. Le joli c’est bien mais à dose conséquente, ça ennuie. Akkad’s temple, fort d’une touche exotique, fait voyager et atténue en cela le côté lassant des quelques morceaux « trop polis » d’Old Tree’z. Au terme d’une longue introduction, il groove en transportant l’auditeur, sous la forme de ce I Don’t Make You Love Me de haute volée. Voilà un bel exercice, qui remet ses auteurs sur une voie dynamique au relief prenant. Les incartades psyché un tantinet soniques, de plus, sont excellentes. Le groupe, quand il sort d’une zone de confort par instants trop commune, s’élève très haut.
Ainsi Softly, malgré sa ténuité, son atmosphère en apparence tenue, dégage quelque chose, s’anime; ses voix, encore une fois expressives, soutiennent la « belle ombre » projeté par le morceau. Dommage que l’écart reste finalement mesuré, il aurait porté le dit titre vers les sommets.
On arrive alors aux remixes de Manu Lechat et Run se pare d’une étoffe spatiale vive bien que fine dans les chants et l’étayage. Puis Galouli, entre électro et fond trip-hop, dépayse en virevoltant comme l’ont fait Akkad’s temple et I Don’t Make You Love Me. C’est là qu’Old Tree’z est selon moi le meilleur, lorsqu’il s’extirpe de ses recoins douillets et à l’arrivée, il nous laisse un album très souvent probant, qui justifie les efforts déployés pour suivre son parcours.