Rennais d’origine, désormais installé à Lyon après un parcours riche, Lionel Giardina est à la tête du projet Lion Says avec à son actif, déjà, 2 albums. Après New folk, sorti en 2016, il signe donc ce Other side effects de teneur pop-folk, loin cependant de ne s’en tenir qu’au dit genre. Avec pour base des textes aux thématiques dignes d’intérêt, il tisse des essais fins, plus dynamiques toutefois que sur son effort inaugural.
Le Lion a en effet des choses à dire, posément ou de façon faussement tranquille, avec grâce. A d’autres moments, il sous-tend ses chansons (Through the storm, premier morceau du disque). Les arrangements sont simples et ingénieux, jamais surchargés. Empreint d’une subtilité aux élans parfois obscurs, Other side effects dévoile de jolis atouts. Gimme a party hausse le rythme en gardant une belle légèreté, la patine pop-folk du bonhomme est attrayante. Vocalement, il se distingue tout autant. Le registre est doté d’un ressenti perceptible, d’une énergie « folky » de bon aloi (Somehow qui vient parfaire un trio introductif sans défauts) de nature à stimuler le tout.
Comme tout oeuvre sincère, Other side effects finit par susciter l’adhésion. L’enchaînement A thousand likes, pt 1–A thousand likes, pt 2 touche presque, dans son climat de départ, au mystique d’un Wovenhand. Intenses et dépaysants, les 2 volets marient les chants sur lit de cordes discrètes. L’arrière-plan est beau, l’élégance vocale rencontre ici un ornement chatoyant. Mamas, l’instant suivant, souffle une trame angoissante dans ses atours coquets. Loin de se satisfaire de formats folk figés qui favoriseraient l’ennui, Giardina y greffe de l’énergie, des motifs imaginatifs, sur lesquels il s’appuie pour bâtir des climats aboutis.
Part of the lie flirte même avec un rock orageux, il s’en approche dangereusement mais ne se dépare pas d’une vêture folk avenante. A cette dernière, il donne à l’envi, au gré de ses récits, des textures variées et ajustées. Ainsi, Never let go brille d’un éclat folk « ombragé », qui sur sa fin s’emballe jusqu’à devenir sonique. Toujours avec classe, comme de coutume chez notre homme. Plus loin et après un Once again très pur et émotionnel, Sorry son se décline en 3 parties. Entre finesse et groove à la voix susurrée puis plus affirmée, on note une fois de plus la richesse des idées en termes d’arrangements. La trilogie s’emporte, retombe ensuite dans une étoffe plus cotonneuse. Tout ça est juste, parfaitement en place. L’ouvrage est personnel, dans le mot comme dans les notes. Peace at last-The boxer le conclut brièvement, suivant une trame débarrassée, ou presque, de tout apparat.
Conçu avec passion et intelligence, dans la vérité, Other side effects dispose de nombreuses ressources. Tout juste regrettera t-on qu’il ne sorte pas plus souvent encore de ses gonds; lorsqu’il le fait, il tutoie les sommets, excellant dans ses instants de déviance.