Grec, déjà connu pour un excellent WOWSERS! (mai 2018), chroniqué ici, Chickn nous fait la -belle- surprise d’un nouveau jet, seulement un an et demi après. Si le délai est court, il n’entrave en rien « l’étincelance » du rendu, de base psych-pop que la « tribu » d’Athènes assaisonne à sa sauce, et avec justesse, au gré des morceaux. Si le ton général parait délié, il s’acoquine parfois, au final souvent même (les fulgurances de Evening primrose, par exemple), se cuivre avec joliesse, et communique une sorte d’euphorie contagieuse. On retrouve, avec joie, intact, le savoir-faire des 5 comparses.
Bel esprit, c’est son nom, est rose. La bio qui l’accompagne aussi et on se dit alors que le groupe entrevoit, par cette couleur optimiste et un titre lui aussi positif, une forme d’allégresse. Ca s’entend dans les tonalités, souvent enjouées et ludiques. Sa bonne humeur nous gagne (l’éponyme Bel esprit), mais on en apprécie aussi grandement, voire d’avantage, les atours plus fous (Sweet Geneva, lui aussi excellent). Posé ne veut pas dire rangé et les déviances d’ Angelos Krallis et sa troupe sont toujours de mise. Le groupe évolue, sans se trahir. Euphoriquement et mélodiquement tapageur, il excelle.
Avec Infrared panda club, on est dans une sorte de funk-rock dingue, chanté à plusieurs, auquel il est impossible d’apposer la moindre résistance. Chickn est capable de le faire suivre d’un Candle fly jazzy élégant, ça ne pose aucun problème; tout est ici très bon. Le climat jazzy du dit morceau n’est d’ailleurs pas sage; il livre des envolées rugueuses, suivies d’élans cuivrés avec mesure. Après le Evening primrose cité en début d’article, She’ll be apples laisse s’envoler une pop tirée à 4 épingles, gentiment acidulée. Le panel du groupe est très peu restreint, sa dextérité lui permet de ne jamais s’égarer. Ces gars-là sont des esthètes, dans le virulent comme dans le chatoyant.
Ainsi, Moon underwater crache un rock qui part à l’attaque, de souche rock’n’roll. Il est joué à la sauce Chickn, plutôt épicée. On s’en contente largement, on en absorbe une grande lampée et on commence à peine à se rassasier que Die to make a living (reprise) nous rentre dedans avec son groove post-punk/psyché, pop et barré aussi, fait « maison ». C’est du tout bon, on (ou plutôt JE) pousse le volume pour s’imprégner du contenu de façon plus prononcée encore. On arrive à ce moment à la fin de l’offrande et Chickn tribe (slight return) nous enchante une dernière fois, en plat de résistance dépaysant absolument génial. Tribal, normal pour une chanson nommée Chickn tribe, court mais fou, ce titre met fin avec génie et folie, donc, à ce Bel esprit à l’esprit à la fois beau, oui, mais dérangé. Pour un résultat au delà de tout soupçon, à la hauteur du talent de ses « papas ».