Groupe bordelais fondé notamment par David Loquier (ex-Sincabeza), Rouge Gorge Rouge a déjà sorti, discrètement semblerait-il, 2 albums. Avec ce NaSH orangé-rougeoyant, « l’indie trance-rock » des quatre Aquitains se révèle être addictif, finement troussé sans manquer de caractère, loin s’en faut. On y décèle d’emblée l’influence d’un Sonic Youth (Sulfur), mais le spectre parcouru est clairement 90’s, noise parfois, et vaut le détour.
Ainsi, l’opus en question réjouira souvent son auditoire, lui offrira des dérapages noisy de bon aloi, et le transportera (Pyramide). Le chant, détaché, et des sonorités bien trouvées faisant bon ménage avec une instrumentation versatile, qui passe de la quiétude au déferlement sans crier gare. Sur Garden, la voix se fait plus rude, le groove saccadé des musiciens, sombre, tape dans le mille. Dans son rock indé, Rouge Gorge Rouge met de la rudesse et prend soin de nous emmener, à l’occasion, ailleurs. De soudaines embardées bruitistes ornent et salissent jouissivement le tout.
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On a, aussi, des plans lo-fi (Remain), les garçons se montrent fidèles à l’éthique 90’s visée et en reproduisent ici la qualité. Au sein d’un seul et même morceau, ils bifurquent, naviguent à vue mais mènent parfaitement leur barque. Mazout, cadencé, envoie tout valser. J’y entends une énergie, une impulsivité, à la Fugazi. Rouge Gorge Rouge n’est pas là pour roucouler, il joue tendu et fait preuve de tenue sans jamais faire de courbettes. Il m’arrive de penser, lors de l’écoute, à Kill the Thrill ou Heliogabale, entre autres références du pays, pour l’intégrité indé.
De cavalcades en plages plus lestes, de claviers remarquables (Polonium) en guitares acides, on a là un disque de -très- bonne facture. Ses géniteurs freinent parfois, brièvement; ce n’est que pour mieux, derrière, relancer le jet. Sur My way, ils font dans le psyché trituré, usent d’une voix presque rêveuse. Leur essai n’est pas linéaire, loin de là. The end of et sa batterie assénée le crédite à son tour. Rouge Gorge Rouge fait partie de ces nombreux groupes, trop confidentiels, qui mériteraient d’être bien plus connus. C’est pour le coup avec A way, retenu, climatique, qu’ils terminent le boulot. Fin et probant, ce dernier titre enfonce le clou et démontre que dans la région, comme dans bien d’autres, nous avons des formations capables de rivaliser avec les grands.