Suisse, Hyperculte « is a new experimental transpop repetitive kraut duo ». Ca attire, déjà, celui qui aime le son déviant. Mais en plus de ça, la paire unissant Simone Aubert (Massicot, jmenfous) : drums / voice / effects et Vincent Bertholet (Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp): double bass / voice / looper / effects, est signée chez Les Disques Bongo Joe comme peut l’être, par exemple, Altin Gun.
C’est dire le décalage de ces deux-là, que ce Massif occidental kraut et tout un tas d’autres trucs honore de bout en bout. Avec le bien nommé De l’or, qui vaut son pesant d’or, Hyperculte (il pourrait bien le devenir) livre une trame dépaysante, mise en valeur par des sons qui nous emmènent. L’effet est dingue. Le chant de la dame répond à celle de l’homme et ça aussi, ça fait sensation. On est bien parti, sur les rails d’une musique différente et ce, de façon complètement revendiquée. C’est la transe et si le Massif s’annonce Occidental, il préfigure avant tout un voyage enivrant. Homme, tribal, saccadé, est envoûtant. Ne cherchons pas, Hyperculte développe un procédé qui lui appartient. Ave cela, il nous tient. Temps mort, alerte et bénéficiant lui aussi de sonorités peu usuelles, venant conforter le projet de Genève dans sa pertinence et son refus de se plier à des formats un tant soit peu connus.
De temps mort, justement, il n’y aura ici pas. Siamo tutti pulse en mode…inclassable, narratif, répétitif et, par là-même, obsédant. On est conquis, derechef, par l’union des chants. Chaos, rock et céleste, ajoutant à l’option « chemins de traverse géniaux » voulue par le combo Helvète. C’est bien la pire des folies, d’être sage, dans un monde de fous!, chante Simone. Elle dit vrai et le morceau, merveilleux, tutoie les cieux. Sur des formats courts et faits maison, suivant une méthode jamais orthodoxe, Hyperculte fait qu’à l’issue de l’écoute, on lui vouera un culte souligné par des écoutes compulsives.
Tôt ou tard, autre plage ondulante et addictive sur le plan sonique autant que dans le chant, achevant de faire de ce Massif Occidental une oeuvre majeure. Tiens, voilà alors, comble du bonheur auditif, une reprise du Eisbaer de Grauzone. Obscure, à la sauce Hyperculte. Il faut l’écouter, la décrire serait ici vain. Elle s’écoutera, à l’image du contenu global, souvent et à volume poussé. Captivant, Hyperculte finira sur un Wow taillé dans un kraut qui prend des atours psyché, loufoques, traversant le cosmos dans une parfaite osmose. Superbe disque inobéissant, imaginatif, aux airs de pied de nez à la norme et aux productions stériles.