Si le public, à Beauvais, se mobilise parfois peu, nombreuses sont pourtant les occasions, à l’Ouvre-Boite situé dans le quartier Argentine de la ville, de profiter de spectacles musicaux de haute volée. Et ce, dans tous les genres, plutôt et clairement rock en ce qui concerne ce vendredi soir puisque Stuck in the Sound y était convié, fort d’un Billy believe irréprochable. Avec, comme de coutume, un combo régional, amienois plus précisément, pour lui dégager la route; Structures, auréolé sur le plan discographique d’un Long life auquel on souhaitera…Longue vie, justement.
Arrivés à l’ASCA, où il est bon de faire escale, nous sommes dirigés à notre arrivée vers l’accueillant BarAsca, le temps de tromper l’attente avant que la clique de José Reis Fontao ne fasse sonner ses décibels. Mais il importera, avant cela, de souligner l’impact de Structures, adepte d’une cold-wave soit saccadée, soit bien plus directe, animée par une rage, et une énergie, d’obédience punk. Et valorisée par le chant grave de Pierre Seguin. Ce dernier est à l’unisson avec trois garçons polissons et tous ensemble, les jeunots désormais aguerris qu’ils sont vont « scotcher », des mots du leader de Stuck in the Sound lui-même, une assistance au sein de laquelle beaucoup effectueront là une découverte que je ne saurai que trop leur conseiller de suivre avec la plus grande attention. Structures est structuré, il porte avec maestria l’étendard d’influences bien assimilées (Agent Side Grinder,The Garden, These New Puritans), et crée des trames cold que la scène porte haut.
Connaissant Structures, je ne doutais guère de son impact mais j’en profite pleinement. Ces élans rough-wave aussi chaotiques qu’ajustés rageurs, c’est ma came; elle est saine et surtout, elle dévoile un groupe du cru capable de trousser des compositions de haute volée et les transcender en live par son jeu remonté, ajusté, suivant un groove que des synthés volubiles étayent.
A l’issue et le temps d’échanger quelques mots avec Philippe Chérencé, homme-clé des lieux, Stuck in the Sound débute par un Brother déjà impactant à souhait. C’est la 5ème fois que je les vois, à chacun de ces temps l’impatience est de taille et cette fois encore, elle sera largement récompensée. L’arsenal du groupe lui permet de « tuber » de façon conséquente, l’urgence de son jeu est communicative. On puise dans une bordée d’albums pour signer un enchaînement haute tension, irrésistible. Sans plus attendre, on est pris dans le flux. Jugez donc: l’énorme Ouais, dont nous braillons le refrain follement, See you again, Bandruptcy et Dies irae font suite à un morceau introductif déjà concluant. Serious maintient une dynamique rock qui, si elle se pare de pop, renvoie un allant brut, noisy, qui nous rappelle qu’en d’autres temps le groupe a bossé avec Nick Sansano. C’était l’époque Shoegazing kids et depuis, le carnet de scène des « Stuck » a encore pris de l’ampleur, à l’instar de ses sorties sur support physique.
Break up permet une « accalmie » de belle facture, puis on repart dans l’énergie tubesque, le titanesque Pop pop pop sonnant la charge de manière sonique. Il se voit suivi de Vegan porn food, acéré, sonore lui aussi, avant que Shoot shoot, ravageur, confirme le constat; Stuck in the Sound sur scène, c’est un large cran au dessus du niveau requis. De fil en aiguille rock, on en arrivera au fameux Toy boy, toujours aussi enthousiasmant. Ce sera, pour le coup, une demoiselle qui montrera sur scène, encouragée par l’humour et la sympathie de José. Gageons qu’elle n’oubliera pas de sitôt. D’autant plus que le quintet finira pied au plancher avec un Petit chat trépidant, ou encore son It’s Friday braillé, hymne issu d’un Nevermind the living dead qui aura, en son temps, révélé un combo de grande valeur. La salle est comblée, Riots et sa basse qui mène la danse se chargeant d’achever un set une fois de plus excellentissime. « Do you remember? », clame José sur ce titre terminal; ça ne fait pas l’ombre d’un doute, on s’en souviendra et pour eux comme pour leur sparring-partner du soir, on reviendra sans la moindre hésitation.
Photos William Dumont.