Après l’excellent ouvrage de Benjamin Fogel sur Swans, j’ai l’honneur de recevoir celui de Simon Clair sur Lizzy Mercier Descloux; « Lizzy Mercier Descloux, une éclipse« . Ce qui, d’une part, démontre que chez Playlist Society, on aime, et on sait, honorer les artistes décalés, aussi intègres qu’hors-normes. Et, d’autre part, démontre qu’on parvient à les évoquer de façon complète, sans que l’écrit ne fasse que vanter les mérites d’un seule et même artiste.
Le livre de Clair, en effet, est bien loin de se résumer à l’historique de la Dame et de ses oeuvres discograhiques. Il en dépeint la personnalité, unique, avec une belle acuité. Il expose le courant qu’elle a créé (world? peut-être bien mais le terme est réducteur au vu du brassage musical et stylistique engendré par Lizzy), fait valoir son côté culte et souligne l’énigme liée à sa disparition, dans un retrait aussi affirmé que pouvaient l’être ses disques. Affirmés et créatifs, aussi magnétiques que Lizzy a pu l’être pour bon nombre de personnalités issues de son monde. Ce que l’écrit ci décrit met parfaitement en exergue.
Le titre, qui inclut « une éclipse », montre d’ailleurs bien à quel point la Française, qui a captivé des figures du mouvement no-wave comme Richard Hell ou Lydia Lunch et imposé ses penchants avant-gardistes malgré la controverse dont elle a pu faire l’objet, dans un climat parfois défavorable, a marqué son temps autant qu’elle s’est avérée être une « éclipse », brève mais très en vue, aux yeux et dans les esprits de tous. De son existence éphémère mais significative restent ses opus, semblables à nuls autres, et ce livre à posséder, que ces quelques lignes ne pourront décrire pertinemment. On le lira comme on l’a fait avec le livre de Fogel; d’une traite, sans décrocher, en l’accompagnant de l’écoute d’un Zulu rock, entre autres oeuvres majeures et foisonnantes émanant de l’intéressée.
On notera, par ailleurs, que Simon Clair écrit également pour le groupe SoPress (Society, SoFilm, SoFoot, Tsugi), les Inrockuptibles et Stylist, et se spécialise dans le domaine musical. Preuve tangible, si besoin était, de l’ouverture de notre homme et de sa capacité à écrire avec pertinence dans des domaines divers et immanquablement attrayants.