Groupe instigué par Krees D. (guitare) et Tallulah X (chant) après leur expérience commune au sein de Lady Godiva (2 albums notables au compteur en 1999 et 2004), BelpheGorZ s’est depuis adjoint les services d’autres routards aguerris de la scène hexagonale, a sorti un EP, effectué de nombreuses dates. On en arrive donc à ce premier album éponyme, sorti sur Closer Records. Gage de qualité et de différence, d’intégrité aussi, ce choix permet visiblement au groupe d’en tirer le meilleur parti.
Avec BelpheGorZ, en effet, on s’inscrit dans un rock tapageur, que la bio promotionnelle situe entre T.Rex, X-Ray Spex, Blondie et les B 52’s. Il y a de ça, dans la déjante comme dans l’énergie dégagée, et d’emblée Vintage girl impose sa patine…vintage, un côté surf prenant, un chant encanaillé. Le pedigree des différents impliqués sert leur intérêt, Creepy birthday et ses guitares dures en amorce confirmant les qualités de ce début d’album. Les claviers décorent les chansons, quelque part entre rock et glam, mais BelpheGorZ déjoue ici habilement l’étiquettage musical. La maîtrise est totale, Claim impose même en son début une touche ska passée à la moulinette rock qui passe l’épreuve haut la note. Les refrains font mouche, des petits détails sonores renforcent les plages livrées. Chacun des morceaux vaut le détour. C’est ainsi le cas de Stinky city, doux et sulfureux à la fois, puis d’un She comes from nowhere fougueux, aux voix associées efficientes. On ne fait pas dans la manière, on ne se donne pas des airs; on joue.
It’s all inside, puissant mais allégé par de fines notes, installe lui aussi une atmosphère estimable. BelpheGorZ sait construire, combiner subtilité et montées rugueuses. Still alive no fantasy, avec ses claviers insistants (le sens du gimmick est ici indéniable), séduira comme le reste. Sous tension contrôlée, Tallulah X et ses acolytes performent au meilleur de leur forme. Don’t push suinte ainsi un rock dru, on pense parfois aux Cramps pour la déviance affichée. Not really tasty for Z… dégage la même vigueur, la fin de l’aventure s’annonçant, à l’image de ce qui la précède, consistante et sans faux pas.
Waiting for nightlights et sa tempérance, ses incrustes électro à peine perceptibles, sera donc en mesure d’étendre l’impact d’un disque bluffant et assez ébouriffant. Qui prend fin, de plus, sur une reprise du Radioactivity de Kraftwerk alerte et bien entendu déjantée, rock, jouée comme savent le faire les BekpheGorZ; impeccablement mais surtout et avant tout à leur main.