Enjeu il y avait, à l’occasion de cette finale régionale Musiques de RU, organisée au sein de la mythique Lune des Pirates d’Amiens.
En effet, les lauréats avaient en perspective, en cas de victoire donc, le menu suivant: une programmation à l’Imaginarium Festival, au Festival Expression Rock, au Faep’stival, au Day Block Party de Cité Carter, et une résidence d’artiste à l’ASCA de Beauvais. Pour un groupe issu de la frange étudiante, ça se prend, c’est même assez conséquent et pour le coup, 4 combos locaux étaient présents pour en découdre: Andrea Turchi, Nihilo, Bill the Dog et Cailloux. Le premier nommé, à l’accent Italien qui ne l’empêche pas de s’exprimer parfaitement dans notre langue, livrant un set voix-guitare qui a le mérite de contourner l’ennui, grâce à des thèmes intéressants et à l’usage, malgré une formule réduite, d’une belle vigueur sur certains morceaux. Andrea ne révolutionne rien, certes. Mais armé de sa sympathie, d’une dualité chant-instrument moins lassante que prévu, il ouvre le bal sans démériter. Avec humour et sans trop en faire ni trop en dire, « récoltant » ainsi une certaine estime.
A l’issue, c’est le rappeur Nihilo qui lui succède et en dépit de soucis techniques qui auraient pu le déstabiliser, celui-ci ne se démonte pas. Fort d’un hip-hop bien étayé, qui « pulse » pas mal, il fait face sans faiblir à une salle comble. Son groove rap est prometteur, son flow aussi. On n’est pas dans le creux, il y a là un contenu digne d’intérêt, digne d’être suivi et épaulé. On a beau être jeune, encore étudiant, encore un peu « vert », cela n’empêche pas d’afficher une certaine qualité. A revoir, donc, compte tenu des promesses décelées.
Folk, hip-hop, on adhère mais ça manque de rock, me dis-je. Toutefois je le sais, Bill the Dog a les crocs et va retourner la salle avec son punk-rock ravageur aux relents hardcore « et pas que », pas si « potache « qu’il en a l’air, loin s’en faut. Car si les mecs jouent fort et vite, ils jouent plutôt bien et disposent d’un répertoire solide, conclu par une reprise judicieuse de Parabellum (Cayenne), qui passe entre autres par un pied de nez à « Mossieur » Macron (M. le président, j’omets volontairement la majuscule…), mais aussi par une bordée de morceaux puissants, dont les intitulés (Les bobos, Dégradation nationale, Religion intéressée etc…) laissent présumer d’un contenu sans politesse malvenue. Bill the Dog ne supporte pas les temps morts; par conséquent, son set n’en inclura aucun. Les gars sont en plus très sympas, s’amusent comme des jeunots, font dans la dérision mais jamais de façon stupide. Car ils réfléchissent. Leur carnet de scène est pensé, sa vigueur ne peut laisser indifférent. C’est donc un espoir de notre scène punk-rock qu’on vient d’entendre là, dont l’album vient par ailleurs de sortir et qui vient de clipper son percutant « Elf machine« . Ils rafleront d’ailleurs, en toute logique, le prix du public. Une partie de celui-ci finissant d’ailleurs sur scène avec le groupe, au son de la « cover » de Schultz et des siens. Du bien bon!
La conclusion échoit alors à Cailloux, que j’avoue n’avoir pas vu, impératifs « pros » obligent. Mais dont l’électro dansante lui a valu le prix du jury, synonyme donc d’une prestation qui aura convaincu les décideurs. Il vient donc s’ajouter à la liste des lauréats et peut par ce biais entrevoir, au vu des récompenses offertes, un bond en avant précieux pour la poursuite de son avancée à laquelle cette finale aura sans conteste contribué.
Photos William Dumont.