Italien, Almagest! fait partie de ces groupes qu’on aime, en tant qu’aficionado de musique décalée, pour leur expérimentation captivante. Avec ce Fun house mirrors qui est son quatrième album, le groupe ne déroge pas à la règle, déréglée, et s’autorise des plongées, prolongées, en milieu perturbé.
L’investigation débute avec Snake oil, dans une atmosphère grinçante et obscure, aux voix chuchotées. Le chant se fait ensuite plus « en relief », en velouté-sombre allant de pair avec le décor. Almagest! n’est pas classable et, de ce fait, s’avère être d’autant plus intéressant. Des guitares crues zébrent ce morceau introductif, représentatif de l’option empruntée par les gars de la Grande Botte. A ces derniers cinq titres suffiront pour se dévoiler, offrir autre chose et retenir nos attentions. Lustighe gail se pare d’incrustes électro aventureuses, d’incrustes claires de toute beauté. Almagest! fabrique une élégance dérangeante, souillée, ici hypnotique, pareille à aucune autre.
Avec Plume, on reste dans le tourment sonique, souligné par le chant narratif en Italien. Aucune concession en vue, ce n’est pas le genre de la maison. Le flou des voix ajoute à l’effet étrange, unique, qui émane du morceau et, par extension, du disque. Nne, truffé de sons venus d’ailleurs, malsains, nous drape dans une étoffe exigeante, dans laquelle s’investir est primordial. Car une fois imprégné des textures inhérentes à Fun house mirrors, celui-ci nous deviendrait presque familier, précieux en tout cas.
C’est alors Durch den irrgarten hindurch qui conclut, à l’aide de ces mêmes sonorités barrées crées avec génie et démence. Le chant, cette fois en Allemand, se mariant à ces bruits addictifs, à un rythme qui soudain dépayse et vivifie brièvement la chanson avant qu’elle ne retourne à des plages plus « lumineuses », si tant est qu’on puisse user de ce terme. L’expérience, quoi qu’il en soit, valant amplement la peine d’être vécue.