Révélé à mes écoutilles depuis son premier album et entre autres ce « Firestarter » féroce, parmi d’autres hymnes perpétués depuis par la bande à Liam Howlett, The Prodigy continue, avec brio, à faire vivre, et évoluer dans le territoire qui est le sien, sa « zik de rave » bardée de pointes rock et porteuse d’un groove possédé.
Avec ce No tourists, la longévité parle et c’est un plat brûlant que nous servent les trois gars, sans oublier de nous faire danser…comme des possédés. Need some! l’annonce, la techno est déviante et se pare de gimmicks qui accrochent l’oreille. Court et direct, ledit morceau introduit une dizaine d’essais remontés, à commencer par Light up the sky, aux sons aussi obsédants, relevé de plus par des guitares batailleuses. On breake pour mieux repartir, puis We live forever impose, comme bon nombre d’autres compositions, ses slogans dévastateurs. Difficile de ne pas s’agiter à l’écoute de cette déferlante de sonorités, d’énergie, de rythmes furieux. La marque de fabrique The Prodigy est implantée, l’éponyme No tourists en assène la preuve de manière saccadée et imparable. Fight fire with fire, aux riffs maousse, mettant fin à la première face de l’opus. HO9909 y prend d’ailleurs part; c’est dire la déjante du titre, featuring incontestablement accompli.
On ne s’arrête pas en si bon chemin, celui de The Prodigy est à ce sujet non-conventionnel, cependant reconnaissable et, surtout, assez accessible dans son côté aventureux pour générer l’adhésion. Timebomb zone évoque les clubs, les raves, mais n’est pas pour autant classable. Champions of London flirte avec le rock tranchant, c’est une constante chez Howlett et consorts.
Plus loin, Boom boom tap démarre presque gentiment pour dans la foulée lancer l’assaut. Sons en rafales, breaks encore une fois bienvenus, tout est ici bien amené. Resonate fait pulser un rock électro qui lui aussi impose sa puissance de feu. The Prodigy joue avec les sons pour créer son son et celui-ci trouve son apogée sur Give me a signal, rave épicée par un mordant rock incoercible et des chants (Barns Courtney s’y illustre) trépidants, adroitement mêlés aux sons dingues de la clique qui, ici, confirme si besoin était qu’elle n’a attendu après personne pour forger sa propre matière sonique.