Fréquentable au point de devenir progressivement un haut lieu du son live, La Manufacture accueillait ce vendredi, dans le cadre du festival Haute Fréquence, les funkys et polissons General Elektriks, emmenés par l’increvable Hervé Salters. Rien qu’à l’évocation de ce nom et pour avoir déjà profité il y a quelques années d’un set isarien probant -dans le cadre, d’ailleurs, du même festival-, l’impatience s’aiguisait. Et les amienois d’Edgär, choisis pour ouvrir la voie à Jessie Chaton et consorts (on le retrouve ici à la basse, plus qu’en vue), ont de leur côté servi un set génial, avec l’appui, désormais, du « frappeur » Jocelyn Soler.
Ce dernier amenant une dynamique nouvelle au son d’Antoine Brun et Ronan Mézières, réjouissant depuis, déjà, un bon moment, les apparitions live du trio s’avèrent captivantes. Le « malaxage » du groupe, entre pop, rock et électro, est accompli, servi par une palanquée de morceaux irréprochables.
Traits rock, coloriage électro et vêture pop, Edgär assure en combo sûr, le nouvel élément est, on n’en doutait que fort peu, d’un apport avéré. Un palier est franchi, on le sent et on l’entend, on en avale de pleines gorgées en se disant qu’une telle formation mérite de s’inscrire dans la durée. On attend désormais de la nouveauté « support » et pourquoi pas un album qui, en plus de faire suite à l’EP déjà sorti, ferait honneur à des prestations remarquables.
Une fois cette ouverture « digérée », le temps de profiter du bar des lieux et de se rendre compte qu’on n’a plus assez de ronds pour, au merch, acheter du son, General Elektriks nous balance sans crier gare son groove funky, aux claviers vintage dont les gimmicks sont complètement enivrants, en pleine poire. C’est, justement, juteux et énergisant, ça groove dans tous les sens et il faut le dire; le groupe développe une formule fatale, sans pareil. Entre funk, pop et rock, avec au passage un nappage électro, General Elektriks crée du neuf avec du vintage. Salters sautille et joue des ritournelles ensorcelantes, le sieur Chaton charpente l’ensemble et les trois autres hommes vêtus de blanc sont au diapason, dans la maîtrise totale de leurs interventions.
Pas besoin d’épiloguer, l’événement est à la hauteur des attentes qu’il suscitait. L’assistance danse, les plus connaisseurs chantent et il y en a là pour tous, les gaillards servant une mixture épicée et faisant fi des genres musicaux. On en ressort avec les pieds gonflés, tant mieux car c’est aussi aux trémoussements qu’on estime les plus « déments », la tête chargée des airs joués par une clique dont la scène est de toute évidence le terrain de jeu favori.
Photos William Dumont