Union de deux batteurs français (Anthony Laguerre; Filiamotsa, Praag/Jean-Michel Pirès; Bruit Noir, NLF3), Club Cactus joue une musique minimale et expérimentale, qui peut passer d’un climat à l’autre sans que sa qualité en soit altérée.
Avec cet album éponyme, où interviennent pas moins de sept « guests » dont G.W. Sok de The Ex ou encore Pascal Bouaziz « from Mendelson », les deux comparses servent une noise aux multiples reflets donc, tribale sur l’amorce de leur effort (Rue de Seine avec, justement, le chant singulier de Sok), porteuse, aussi, de relents indus. Souvent sombre, le discours des deux hommes est digne d’intérêt, décalé, sans courbettes. Les sons sont tordus, passionnants, et l’inventivité surprenante. Ceci sans perdre l’auditeur dans des méandres par trop marqués. Kim et ses saccades rythmiques, son quasi trip-hop nuageux et pourtant virevoltant, Burn it all et sa cadence obsédante, mêlés à l’étrangeté de chants ici décisifs, faisant irrémédiablement mouche. On se réjouit d’entendre cela, le disque est dépaysant, personnel en diable. On adhérera donc à ce Club Cactus dénué de politesse orientée, susurré le temps de son Extremophile qui, ensuite, s’enhardit. L’apport de G.W. Sok est à noter, comme à chaque fois qu’il prend part, d’ailleurs, à l’essai d’un groupe.
La pureté de certains sons se frotte aux atours plus « dirty » des autres sonorités, le groove de Beautiful again, avec Benoit Burello de Bed, rafle les suffrages. Les chants y sont à nouveau géniaux, puis c’est entre autres La culture, foutraque, animé par l’organe de Pascal Bouaziz et ses histoires à part, qui valorise une fin d’album sans défaut aucun. Une cigarette, sur lequel se distingue Marie Cambois, amenant l’ultime touche « voyageuse » à un opus de haute volée.