Il est difficile de parler de Crystal Castles sans les associer à une
certaine hype dont ils sont les princes, leur son étant toujours présent
lors des soirées branchées et ce depuis quelques années maintenant.
Il
est aussi difficile pour eux de mieux s’affirmer au vue du premier
album électro punk aux bidouillages 8-bit, mettant en scène avec talent
les deux mornes et mystérieux personnages que sont Alice Glass et Ethan
Kath.
Rajoutez à cela le stade du 2ème album qui se doit d’être celui
de la confirmation, il était de mise de craindre patiemment cet opus.
Le
groupe était attendu au tournant de par l’ivresse des fans de la voix
criarde d’Alice Glass et de rythmiques folles et envolées connues
jusqu’ici.
Il est essentiel de dire qu’ici, ce n’est pas toujours le
cas. Et c’est justement là que Crystal Castles marque un point, il
réussi à surprendre et à séduire à nouveau.
Le nouveau son du duo
s’approche plus des ténèbres que des dancefloors et la voix de la
charismatique brune prend une tournure parfois dramatique et écorchée.
Le
tout s’accompagne d’expérimentations électro très bien venues, comme en
témoigne Fainting Spells, Empathy et où reigne une harmonie
planante : Suffocation, Vietnam.
Le groupe ne change
pas de registre ni de style, il grandi et suit une évolution plus calme
et travaillée sans renier le premier album, comme pour Intimate ou Violent Dream, sample de « A Walk in the Park » de Stina Nordenstam
retravaillé, tendu et transformé.
L’homogénéité de l’album est
singulière, constitution réussie d’électro qui tangue vers une pop
mélodique puissante et toujours bien structurée, non sans rappeler
parfois Shiny Toy Guns.
C’est un état d’éveil à lui seul, misant
beaucoup sur l’ambiance et le ressenti (les pistes ont été enregistrées
dans plusieurs endroits à travers le monde), qui reflète un spleen
intense de par ses intonations sombres et ses boucles obsédantes, par
exemple avec les géniaux Celestica et Baptism, ou encore Year Of
Silence qui sample « Inní mér syngur vitleysingur » de Sigur Ros.
Le
bol d’air optimiste que représente Pap Smear a du charme, au
contraire des quelconques Birds ou Not In Love, charmants mais qui
prennent peine à s’envoler.
Crystal Castles II séduit donc, et étonne aussi.
Premièrement
par Doe Deer tout droit sortie d’un film d’horreur où les zombies
sont de mise, et dont le rythme fou pourrait nous aider à leur échapper.
Enfin,
par l’animalité surnaturelle de I Am Made Of Shalk : véritable
scénario musical, teinté de cris frémissants dont la continuité force
l’imagination de l’auditeur.
Une grande réussite, donc, pour cet
album aux frontières de l’ambient, céleste et planant, doucement lugubre
et parfois tragique, où le groupe réussi une nouvelle fois à se
démarquer.