La mélancolie irrigue les dix chansons de cet album dense, qui offre un rock tendu, avec certes quelques envolées un peu aériennes mais la plupart du temps, le quatuor reste les deux pieds bien campés au sol, décochant autant de flèches mélodiques mais souvent tristes. Le chant n’est pas franchement le point fort du groupe, bien plus à l’aise quand il s’agit de distiller coups de sang et arpèges sombres, de laisser la tension s’accumuler ou au contraire d’ouvrir en grand les titres, qui prennent une ampleur parfois remarquable. Des titres comme « Cheerful Girl« , « Get Out Freakie » ou « Our Monochrome Life » bénéficient ainsi des jeux de batterie tantôt nerveux, tantôt tout en puissance des Mathieu (Languille) et Matthieu (Dehoux) qui se sont partagés la place derrière les fûts et propulsent littéralement les morceaux, quand ce n’est pas le piano qui constituent la colonne vertébrale des titres (comme sur « Go Rotten » ou « Your Drab Eyes« ). Le disque semble recouvert d’une brume, dans les ambiances, mais aussi sa production plutôt dépouillée, les rythmiques assez froides et le chant désincarné, ce qui n’empêche pas le groupe de hausser le ton et durcir les mélodies, le temps de clôturer le tendu « Killjoy » et de relancer sur « Eighty-Sixed« , titre plus électrique et nerveux. La conclusion revient au titre le plus long, « I Discover the Murder« , où le groupe lâche pour de bon les chevaux, étire à souhait sa mélodie, fait converger agressions de guitare et atmosphère éthérée et signe ainsi son titre le plus convaincant. Gageons que ce beau premier galop d’essai en appellera d’autres, un peu plus affirmés, et l’on tiendra alors un fier représentant de la scène post-rock française.
Tracklist :
Our Monochrome Life
Driving My Car
Get Out Freakie
Go Rotten
Cheerful Girl
Your Drab Eyes
That Evening We Were Alone Together
Killjoy
Eighty-Sixed
I Discover the Murder