Entre deux averses, bien au chaud dans un café place Camille Julian à Bordeaux, avec un fond sonore très « SOUL », nous avons rencontré Jade MORISSON, elle nous parle de son parcours, des ses influences, de son premier disque en studio, de ses émotions et de ses projets.
MUZZART : Peux-tu nous raconter la naissance de ce disque ?
J’ai commencé l’enregistrement début février 2007, on a terminé au mois de mai, ensuite il y a eu le mixage et puis le mastering pendant l’été.
J’ai un peu attendu la sortie, suite à des problèmes de graphisme mais il est finalement sorti, fin octobre.
MUZZART : Combien de chansons avais-tu prévu d’enregistrer ?
J’ai préparé 15 enregistrements, pour en retenir finalement 12 sur le disque.
J’avais aussi prévue une reprise de Noir Désir, « A ton étoile », chanson que je joue sur scène dans une version encore plus épurée que l’originale ; mais je n’ai pas voulu la mettre sur l’album sans avoir leurs autorisations, j’ai essayé de l’obtenir, mais ce n’était pas le bon moment pour les contacter….
MUZZART : Comment vous êtes vous rencontrés avec Marc Delmas ?
J’ai rencontré Marc, grâce au Bokal, on a des amis en commun, ça s’est fait assez vite, cette rencontre a eue lieu deux mois avant que l’on commence à travailler ensemble.
MUZZART : Qu’a-t-il apporté à tes chansons et à ce disque ?
Il m’a beaucoup apporté, notamment sur les arrangements, il m’a donné pas mal d’idée. Au départ les chansons devaient être plus épurées par rapport à ce que cela donne aujourd’hui.
MUZZART : Comment vous êtes vous partagé les rôles ?
Le partage des rôles s’est fait naturellement, ça l’intéressait de travailler dans le son.
Il avait déjà travaillé sur un album avec le groupe Egon, qui fait parti de l’association « Bordeaux Chansons ».
MUZZART : Comment as-tu réuni les musiciens qui ont participés à l’enregistrement?
J’ai contacté Thomas DUMARTIN, qui a enregistré la basse, et puis Stéphane PERRONE, pour la guitare électrique, tout deux, membres de mon ancien groupe Clair2lunes, pour la guitare électrique, il y a aussi Loïc LE GUILLANTON, qui est un ami de Marc, et qui a aussi posé ses guitares sur deux titres.
Il y a le batteur de Marc, Bertrand NOEL qui a joué aussi des percussions et de la batterie, et puis Christophe JODET, qui lui joue de la contrebasse toujours avec Marc, il est venu jouer sur un titre qui s’appelle « Les roses d’automne », ça coulait de source d’avoir une contrebasse à cet endroit là.
MUZZART : L’enchaînement des titres sur le disque semble naturel, est-ce que c’est le fruit du « hasard » ?
Je n’ai pas choisi toute seule, j’ai demandé à Marc et à mon frère, qui est aussi musicien, de m’aider à établir l’ordre des chansons.
Evidemment tout le monde a fait des compromis, ce n’est pas la liste d’une des trois personnes, c’est un mélange de tout ça.
Je ne suis pas sûre que l’artiste soit le mieux placé pour faire ce choix à la sortie d’un enregistrement, c’est bien d’avoir un regard extérieur.
Pour « Nos ecchymoses », on s’est assez vite dit que ce titre serait à la fin. L’idée du piano est venue pendant l’enregistrement.
MUZZART : Est-ce que tu écris tes textes la guitare à la main avec une mélodie en tête ?
Je compose toujours de la même manière.
Je prends ma guitare quand je sens que j’ai envie d’écrire quelque chose, il y a une mélodie qui va arriver d’abord, l’enchaînement de quelque chose, ça peut être un refrain d’abord, ou un couplet, un début de structure, sans aucun mot, et ensuite je pose un texte dessus.
Mais une fois que j’ai la mélodie je suis limitée par une longueur de texte, et du coup le texte coule à une vitesse assez curieuse, c’est presque une écriture automatique.
MUZZART : Est-ce que tu fais attention à la sonorité du texte ?
Oui, je fais beaucoup attention à la sonorité du texte, je ne vais pas dire plus que le sens, mais c’est très important.
J’ai chanté beaucoup de chansons en anglais, quand on écoute un titre en anglais, pour un étranger, la voix fait partie des instruments, je crois que ça m’est resté.
Et puis, je retouche peu mes textes, parfois juste certains mots parce qu’en les chantant je m’aperçois qu’il y a un truc qui me gène, qui sonne mal.
MUZZART : Comment décris-tu ton univers ?
J’ai l’impression d’avoir un pied dans la chanson française, parce que je chante des textes en français et que je suis seule sur scène, et un pied dans le rock parce que c’est ce que j’écoute le plus.
Je dois creuser le sillon entre les deux familles, je ne me sens pas appartenir plus à une famille qu’à une autre.
Il y a une chanson très belle de Noir Désir qui s’appelle « Les écorchés », je suis plutôt de cette famille-là, c’est-à-dire pas des gens qui sont dans le malheur mais je pense que je suis sans doute quelqu’un de très sensible et comme tout ces gens qui ont une sensibilité à fleur de peau, ça peut les rendre écorchés.
MUZZART : Est-ce que tu as des thèmes de prédilections ?
Je ne sais pas faire de chanson politique, j’essaye de raconter, ce que je vois, ce que j’entends, ce que je vis, mais ce n’est pas forcément autobiographique.
Chacun s’approprie les textes comme il veut, si j’arrive à toucher, à engendrer une émotion, c’est gagné.
Mes textes sont souvent basés sur des sentiments, de ressentis, des émotions que certains captent et d’autres pas. Et c’est tant mieux comme ça.
MUZZART : Est-ce que tu as grandie dans un univers musical particulier, si oui lequel ?
Mes parents ne sont pas musiciens, mais mon grand-père jouait du piano, c’était un personnage assez austère, historien, il était tout le temps enfermé dans son bureau, il passait ses journées à écrire et à lire.
Les seuls moments où on avait le droit de rentrer dans la pièce, c’était quand l’on entendait le piano. C’était magique, on s’asseyait avec mon frère de chaque côté du piano, on voyait ce vieux monsieur avec ses vieilles mains, jouer du piano, je me suis toujours dit que c’était un instrument génial.
MUZZART : Comment sont arrivées l’écriture et la musique dans ta vie ?
Depuis toute petite je voulais faire de la musique, je voulais faire du piano et puis du violon et puis du violoncelle, je changeais assez souvent d’idée, alors mes parents ont attendu que cela se fixe, et en attendant j’ai fait du sport.
Pour l’écriture, j’ai commencé à l’adolescence, des petites histoires mais pas des chansons.
MUZZART : Qu’est-ce qui était accroché aux murs de ta chambre d’adolescente ?
Au collège j’étais très fans des STRAY CATS, j’étais folle amoureuse des CLASH, et de Joe STRUMMER, après j’ai eu une phase pop avec The Smiths et Morrissey, et puis après The CURE. J’aimais bien aussi des sons plus aériens avec des groupes comme les Cocteau Twins, Dead can dance….
Côté français, c’était Téléphone et puis surtout Noir désir, un groupe qui m’a beaucoup marquée, et qui manque sur la scène française.
MUZZART : Quel a été ta première expérience de groupe ?
A 20 ans, je me suis acheté une basse, je jouais par-dessus les vinyles, mais j’avais toujours des mélodies dans la tête et je n’arrivais pas à les concrétiser.
Et puis sur les bancs de
Il m’a montré trois, quatre accords de guitare, il m’a dit tu vas les bosser pendant un mois et après on répète avec le batteur, et c’était parti. On faisait des reprises de Pop Anglaise.
MUZZART : Est-ce que tu as un coup de coeur à nous faire partager ?
Je suis une grande amoureuse de Barbara, j’ai eu la chance de la voir en concert, c’est des gens qui prennent ton coeur au début du concert et te le rende à la fin, ils te transportent.
Elle avait une force et une présence, une grande dame ; tout comme Nick Cave dans un autre registre, c’est aussi un artiste avec un immense charisme, il est très captivant.
MUZZART QUIZZ : Quel est ton Beatles préféré ?
J’hésite, je vais dire John Lennon, pour le côté mythique et mystique du bonhomme.
MUZZART QUIZZ : Est-ce que tu as un disque de la honte chez toi ?
C’est un double disque, que j’avais du acheter quand j’ai fêté mes 30 balais, c’est une compilation avec soit disant que des tubes des années 80, donc finalement que des merdes.
MUZZART QUIZZ : Si tu étais un disque :
« Veuillez rendre l’âme à qui elle appartient » de Noir Désir, « Le phare » de Yann Tiersen, « Transformer » de Lou Reed ?
« Le phare » de Yann Tiersen, j’adore. J’ai vu la tournée rock en DVD, le mélange entre rock et son univers plus féerique est génial.
Toutes ses collaborations, ses invités sur ses albums sont magnifiques, que ce soit avec Neil Diamond (Divine Comedy), Elisabeth Frazer, Dominique A ou Miossec.
MUZZART QUIZZ : Si tu étais un concert mythique :
« Woodstock« , « Pink Floyd à Pompéi » ou la 1ere tournée de U2 en Amérique « Under a blood red sky » ?
On va dire « Woodstock », pour le côté fondateur.
MUZZART QUIZZ : Si tu étais une chanson, tu serais :
« Hey Jude » The Beatles, « Walk on the wild side » de Lou Reed ou « Ne me quitte pas » de Jacques Brel ?
Je serai « Ne me quitte pas ». Jacques BREL fait parti des artistes qui ont cette capacité à faire passer des émotions, il se donnait à fond dans tout ce qu’il a pu faire.
Remerciements
Un grand merci à Jade pour cette belle rencontre, et merci à Guillaume R pour les photos.
Jade Morisson – Jade Morisson
Le retrait des charmes – Si pour le meilleur ou pour le pire – La désobligeance – Pourvu que rien ne nous retienne – Te refaire – Les roses d’automne – Nos âmes généreuses – Le fil – Tant que mes lèvres – Aux épopées sauvages – It’s you – Nos ecchymoses
Disque disponible en vente par correspondance, à La Machine à lire, chez Total Heaven et à
Aménina – Fab’