On évoque, à son endroit, Kate Bush et Suzanne Vega. Itoo est son deuxième opus, ses chansons lui ont été concoctées, avec soin, par John Trap et Arnaud le Gouëfflec, abrités par le même label brestois (Eglise de la Petite Folie).
Ooti donc, femme délibérément libre de ton, acoquine ici sa chanson, l’electroïse » (l’excellent La quadrature du cercle, déviant à souhait). Le début est sombre, J’irai marcher dans l’Atlas marie texte attrayant et sous-tension porteuse, refrain doucereux aussi. Comme pour toute oeuvre émanant de l’Eglise de la petite folie, un soin tout particulier est apporté à l’identité du rendu. Dans les ondes, dansant, se fait folk mais plutôt vivace. La dame est de plus généreuse, porteuse pour le coup de quinze chansons au total. On la suivra peut-être moins dans ses instants plus conventionnels dans le son, mais elle a la bonne idée de déraper de façon récurrente, d’orner ses réalisations de sons sombres (Sérénité du cerveau primitif).
En résulte un disque assez « autre » pour s’imposer, parfois trop sage certes, mais dont on appréciera les fréquents écarts. C’est le cas avec La fille hantée, électro-pop grise et animée, puis la même option, acidulée, se répète avec bonheur sur Ne dors que d’un oeil, et de manière alerte avec La question que je me pose. On est souvent agréablement surpris par l’audace d’Ooti et de ses « aidants », qui sortent à nouveau des sentiers battus sur Quand elle est nue. Le mot est également, sur l’ouvrage en question parlant. Mouche est rock, obscur. Voilà un disque dont on s’imprègne au fil des écoutes, loin d’être aussi convenu qu’il n’y parait. Doté de sonorités malignes (Tu recevras ma lettre dans tes rêves), il prend fin sur ooTi and glue, bizarrerie chanson-électro entrecoupée de dialogues étranges, et honore tout à la fois ses auteurs et ce label décidément peu prévisible dans ses sorties.