« Ressortissant » de l’Eglise de la petite folie, label brestois créatif et démarqué, Arnaud le Gouëfflec écrit des romans, de la BD, et des chansons donc, rassemblées ici sous le nom de La faveur de la nuit.
Dans un registre chanson, justement, sage mais obscur (Dans la nuit bouge) et doté d’un verbe qui se distingue, le Brestois trouve une cohérence, une justesse de ton qui le met à l’honneur. S’il s’en tient à des atours trop souvent retenus, dénudés même (Fleurs de Toussaint sous le parking aérien), il enjolive ses ritournelles avec habileté et simplicité. Ses histoires, singulières, touchent l’auditeur (La faveur de la nuit en amorce). Il jette un léger ombrage sur ses créations (La proie pour l’ombre), en contrepoint à deux voix plutôt douces. Son disque est gracieux mais, à l’image de sa pochette, nuptial.
Avec Retour immédiat de l’être aimé, on s’extirpe avec bonheur d’un registre musicalement sage, on touche, aussi, à des plans dépaysants. L’initiative est louable, c’est toutefois pour revenir à des abords assagis ensuite (Femme à tête noire). Dommage, Le Gouëfflec se montrant crédible dans une option moins posée. La qualité est toutefois de mise, la batterie anime l’éponyme L’armée des ombres, lui aussi « gris » dans son arrière-plan. Quelques invités proches, dont John Trap, contribuent à singulariser l’ouvrage. Mot compte triple, en conclusion, venant jeter le dernier voile gentiment ténébreux -notamment en sa fin- sur un album de choix, qui aurait toutefois gagné, à mon sens, à s’enhardir plus fréquemment et de manière plus marquée.