Large d’esprit, prolifique (ce Elements de haute volée est son dixième album), Zenzile touche autant au dub qu’à la pop, à la B.O. (c’est ici le cas, l’opus constituant la B.O. du spectacle portant son nom) qu’à un rock aussi fougueux que spatial.
Avec ledit disque, enregistré en compagnie de Peter Deimel, on tutoie à nouveau les sphères de Living in monochrome, énième réussite éclatante d’un groupe plus que doué. L’arrivée d’une jeune chanteuse, Zakia Gaillard, dope d’emblée la clique angevine; Bird est splendide, pop et soul, interprété avec grâce. Le nappage musical est, comme souvent avec Zenzile, enchanteur. On est d’emblée sur la bonne voie, la quiétude de l’ouverture laisse place, ensuite, à la force « bassée » de Outsight, splendide essai rock qui pulse et groove, à la fois leste et irrésistiblement entraînant.
Une fois encore, le groupe conserve sa cohérence tout en « errant » entre divers genres. Il maîtrise à la perfection l’art du dosage, l’art, aussi, d’injecter du cosmique dans des morceaux puissants. Zakia y insuffle sa dose de sensualité, ce n’est d’ailleurs pas la seule innovation dans le chant puisqu’ici Vincent Erdeven (claviers, guitare) et Mathieu Babblé (basse) tiennent le « mic » sur un tiers des morceaux. On continue évidemment, on se régale déjà du contenu et Storm jette alors sa chape nébuleuse, finement ciselée. C’est un des hommes qui s’y colle au chant, il le fait joliment et avec sensibilité, surlignant une trame autant douce que rude. A n’en pas douter et quand bien même on n’en est qu’au troisième morceau, c’est du solidissime que le sextet nous livre là. Il ne s’arrête pas en si bon chemin: Dry, instrumental élégant, ponctue lui aussi Elements de façon concluante. La dextérité musicale de Zenzile y est évidente.
Plus loin, le festival se poursuit avec Escape, sublime échappée vers des terres pop-rock teintées de new-wave, mélodiquement élevées. Lui succède Sequences, qui verse dans la kosmische musik et renoue avec les penchants plus dub de la formation hexagonale. Stellar est issu d’une veine similaire; il marque un passage, dans Elements, clairement plus cosmique. On arrive alors au terme de l’album. Celui-ci met en avant deux titres aussi marquant que ce qui les précède: le disco-dub enivrant de Presence, aux reflets tribaux et exotiques. Puis, et non des moindres, ce Poly où réintervient Zakia, soul, subtil, aussi parfaitement joué que le reste d’un opus brillant de son début jusqu’en son terme.