Indé, noise, rock, bourru mais subtil, le trio nantais Papier Tigre est depuis quelques années déjà une référence, insoumise, de notre scène. Il pratique un rock fou, nourri par les saccades d’un Sloy (Heebie jeebies, And there were some lonely hands) et le riffing, le groove aussi, d’un Gang of Four (Mood trials) couplés à l’instinct sauvage d’un Fugazi.
Dès lors, on ne s’étonnera guère de l’excellence de ce nouveau long-jet, appelé The screw et porteur de neuf titres brillants, en tête desquels The other me perpétue, d’emblée, la déferlante saccadée, le fatras sonore jouissif propres au groupe d’Eric Pasquereau. C’est fait maison, ça ne répond à aucun critère par trop connu, c’est brut mais pensé et à l’arrivée, on se prend une nouvelle mornifle bienfaisante et salutaire. Le jet est maîtrisé, retenu parfois (Papier Tigre a aussi la mainmise sur ses élans bridés mais menaçants), doté de quelques coups de semonce bienvenus. La noise des trois zigues est brute sur A matter of minutes, presque indus dans sa répétition, plus finaude le temps d’un Each and every final. Elle est en tout cas millésimée, stylée, et ne résulte que du pouvoir de création de ses géniteurs. Qu’on suivra encore les yeux fermés, et les oreilles grandes ouvertes, à l’occasion de cette nouvelle livraison.