Rouen est rock, Rouen regorge d’une activité musicale que nombre d’autres « agglos » pourraient lui envier. La scène « indéground » y est bien représentée et dans ce cadre, nous saluerons en ces lignes la valeur du premier EP de Perm 36, trio synth-punk jeune de par son existence mais qui, à l’occasion des cinq tires qu’il délivre ici, se montre étonnamment mature.
Sous une formule restreinte et qui lui sied à merveille (chant, guitare drue et synthés, qu’une boite à rythme « régule » avec sécheresse), Perm 36 tire en effet son épingle (à nourrice) du jeu, ses morceaux frappant juste et fort dès l’intro de Le paria. On n’est en aucun cas dans le démonstratif, c’est l’efficacité qui prime et dans ce domaine, on répond présent, chants associés façon hooligan à l’appui. Les morceaux déboulent (Chat noir), les grattes évoquent par leur minimalisme bien joué le jeu de Loran « Ramoneurs » et ex-Bérus, on ralentit quelque peu pour ensuite repartir plein pot. C’est bien foutu, le discours contestataire de rigueur vient enfoncer le clou d’une zik qui fait du bien et distingue ses « pères ».
Warum Joe, Charles de Goal, Métal Urbain, les influences sont perceptibles mais égalées. DIB crache tout ce qui fait l’impact du genre: tempo qui pulse, chants à l’unisson qui donnent du poids à l’argumentaire, choeurs virils et six cordes offensives, qui partent à l’occasion dans un court solo. On prend donc, les envolées de claviers de CMCS apportent un plus et le punch des guitares leur font écho. Tout ça est bon, SMAP Records peut se targuer de posséder, dans son catalogue, une valeur sûre du créneau concerné. Le parcours s’achève avec le trépidant Colle et rats, aux riffs mastoc, verbe significatif en sus. L’affaire est pliée, rondement menée; il ne nous reste alors plus qu’à aller se purger et se trémousser en live au son insoumis de ces Perm 36 fiables.