Bosnien, frappé par les bombardements de Sarajevo, Dubioza Kolektiv développe logiquement une opposition marquée à toute forme d’oppression et s’est fait connaître par le biais de shows tonitruants. Sa musique bigarrée, avec pour base un folklore bien de chez lui, enivrant, fait dans une fusion explosive entre hip-hop, rock, dub ou encore electro. La sauce prend dès All equal (feat. BEE2), sorte de ragga/hip-hop groovy et cuivré du plus bel effet, dopé par des grattes qui boostent ensuite No escape, deuxième réussite d’un disque qui semble n’inclure que cela. Il y a ici l’allant et le savoir-faire d’un Asian Dub Foundation, une pléthore d’invités de marque, dont Manu Chao, venant parachever l’oeuvre de cette clique de l’est hautement énergisante. L’ironique et dénonciateur Free MP3 enchaîne en mode hip-folk cadencé, One more time croule sous l’assaut des cuivres et la vigueur, l’inspiration de ce Happy machine en renforcent l’impact.
Scéniquement, ça doit en effet être du lourd et le disque rend bien l’ambiance live propre au collectif. Boom! et son refrain euphorisant, Red carpet et ses touches ska speedées, une nouvelle attaque « cuivrisante » sur Riot fire, où Benji Webbe (Skindred) flingue lui aussi à la guitare distinguent ensuite l’album. D’autres l’ont déjà fait, certes, mais le métissage de Dubioza Kolektiv se veut personnel et frappe fort. L’inclusion d’une electro dosée amène du groove en plus, on calme le jeu avec Alarm song pour y privilégier un climat ska. Hay libertad, où intervient le groupe ska-rumba catalan La Pegatina, dégage un côté festif et hispanisant à la Mano Negra.
Enfin, 24 000 baci (feat. Roy Paci) recourt à l’Italien pour conclure une dizaine de morceaux réussis, représentatifs d’un melting-pot musical made in Bosnie diablement relevé.