Sublime ordinaire. Si l’opus n’était pas, à certain endroits, trop posé, on pourrait le résumer, tant dans l’esprit qu’au niveau du contenu, à son simple titre.
En effet Alain Gibert, en s’appuyant sur l’ordinaire musical et en privilégiant un étayage simple, réduit, et la narration légère, presque purgatrice, des choses de la vie, parvient à retenir l’attention. Ses trames chanson mêlées de pop-rock (Mirroir, qui est la plus belle?), ornées par des cordes (Vertigo), attirent en effet par l’insouciance qu’elles génèrent, la détente et l’oubli qu’elles procurent. T’aimer me suffira et son décor…amplement suffisant illustre de suite la démarche. Entre pop et chanson, à deux voix complémentaires, il se veut sans excès et évocateur. Gibert n’invente rien, il ne fait que reprendre…l’ordinaire et s’il ne le sublime pas forcément, il en fait au minimum une oeuvre honnête et crédible. Comme Chaplin dépeint le ressenti avec de beaux mots, de ceux qui ont un sens et disent des choses. Tout le monde descend souffle une belle pop, amène de la joie, de l’amour. Ca fait du bien et c’est, de plus, acidulé avec soin.
Sublime ordinaire nous parle, nous déleste même. Nul besoin, pour ça, d’en faire des tonnes; ici, l’ordinaire suffit, c’est même la matière première du bonhomme et de ses quelques collègues de jeu musical. On peut parfois bailler, Je et vous ennuie un peu malgré sa trame jazzy mais au delà de ça, on se sent concerné, revigoré même, par ce que soulève le propos du bonhomme. On préférera, c’est en tout cas mon « sort, » les essais les plus enlevés (Comme au cinéma), mais le désenchantement de Hollywood is not for you maintient dans l’écoute. Entre espoir et réelle conscience, optimisme et fatalisme, le verbe de Gibert trouve sa juste place. Le joli décor qui enveloppe Les rochers d’Along lui sert d’écrin, il en va de même avec L’amour fenêtre ouverte, porteur lui aussi d’une petite tranche de vie dans laquelle on se reconnaîtra. A l’image d’un disque certes posé, trop, mais en phase directe avec notre quotidien, qu’il allège, et son lot de « petites histoires ».