Expos multiples, résidences, salon de l’édition alternative, créations décalées et concerts dans le même esprit, voilà ce que propose -en résumé- la Micro-Machine, instiguée par la Briqueterie et, avant tout, les Editions du Monstre. Pour l’avoir suivie musicalement, sur deux soirées, je peux en tout cas attester de sa fiabilité et de la cohérence de ce festival pas comme les autres. Et se tenant principalement -mais pas seulement- dans la « Briket » locale, sorte de dédale aux recoins desquels on est constamment assuré, sur ce type d’épisode, d’être surpris, interpellé, amené à penser ou à s’évader. Sur la durée de trois jours (d’activité effective, la préparation, elle, s’avérant titanesque). Mais revenons-en à la partie « sonique » de cette Micro-Machine, non moins déviante que le reste.
Jugez donc: au beau milieu d’un décor signé Aurore Leduc, particulièrement attrayant, la scène accueillait entre autres Jessica 93, Le Singe Blanc ou encore Koonda Holaa, mais aussi d’autres formations obscures ayant pour nom, par exemple, Dominus Rectum, Usé et John Makay pour le réservoir local ou encore Mambo, Last Night, Noir Boy Georges issus pour leur part de terres plus « lointaines » et tout aussi fertiles d’un point de vue sonore.
La possibilité de naviguer entre cold (Jessica 93 et sa cold-wave mâtinée de shoegaze comme autant de parpaings à la face du mainstream), math-rock (les toujours prisés John Makay puis Mambo, quand bien deux groupes successifs de la même mouvance, ça peut faire redondance), fusion indéfinie pour l’un des live-phare du moment (Le Singe Blanc, démentiel avec son groove foufou à deux basses, qui tabasse en même temps qu’il te lance dans la danse et la transe), bruitisme pour le moins exigeant mais qui nettoie l’esprit une fois assimilé (Usé) s’offrait donc au quidam, gâté et constamment mis en éveil. Koonda Holaa, Tchèque-Aillygeois au talent déjà connu, en quelque sorte le zicos adoptif, désormais, du coin et de la région, s’illustrant bien évidemment sur l’après-midi du dimanche avec son registre écorché aussi brut que chatoyant.
A coté de ça, Dominus Rectum semait sa folie créative sous la forme d’un hip-hop hallucinatoire bien barré, bien foutu aussi, adroitement machinisé. Noir Boy Georges, en solo, suivant un peu le même chemin en moins extrême toutefois (le gars est de Metz, riche en artistes adeptes des chemins de traverse) tandis que Last Night envoyait, lui, un punk-garage sans fioritures mais nuancé avec soin, efficient. Une « mega boom dancefloor » venant ponctuer le samedi, entre autres réjouissances méritant amplement le détour. Le tout sans répit, émaillé de points perfectibles (l’absence de musique « de fond » à certains moments, un éclairage pas très optimal aussi) comme sur toute organisation massive et prenante, mais qui refile en tout cas l’envie d’y revenir et dévoile mille et une richesses toutes disciplines mêlées. Avec une mention spéciale, en toute logique, aux « impulseurs » de cette Micro-Machine, Editions du Monstre en tête de file. Sachant le labeur et l’investissement personnel -et collectif-que cela représente.